"Libère-moi, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour de terreur : Quand les cieux seront ébranlés avec la Terre : Alors tu viendras juger le monde par le feu. Je serai, moi, tremblant, et rempli de frayeur, lorsque viendra le jugement, et la colère à venir. Quand les cieux seront ébranlés avec la terre. Ce jour-là sera un jour de colère, de calamités et de misère ; un grand jour, terriblement amer. Alors tu viendras juger le monde par le feu. Donne-leur, Seigneur, le repos éternel : et que la lumière perpétuelle brille sur eux."
La Suédoise, à la fois chanteuse, auteur, compositrice et claviériste, Anna von Hausswolff a sorti son premier disque Singing From The Grave en 2010. Malgré son titre sombre et pas forcément très engageant, l’album était rempli de mélodies fragiles, de douces ballades baignées de lumière. Si le terme gotique pouvait être employé, c’était plutôt dans le sens d’Opus Francigenum ou plus précisément de Gotique rayonnant.
De gotique, il en est encore question avec ce Ceremony sorti en 2012 et ce, dès la pochette faite d’un gros plan sur des tuyaux d’orgue dans des teintes sombres. Mais on parlera de gotique flamboyant cette fois tellement la musique a progressé. L’orgue, le grand orgue même, est donc au centre de ce disque. C’est avec une certaine intelligence et sensibilité qu’Anna von Hausswolff joue avec les diversités de tons, de sons, de timbres et de couleurs, même si elle n’utilise pas tous les registres de l’orgue préférant le plus souvent les plus graves, profonds et les plus feutrés. "Epitaph Of Theodor", premier titre de l’album, en est un parfait exemple.
C’est sur le deuxième titre "Deathbed" que la magie opère définitivement grâce à ce mélange d’une voix faisant penser à Kate Bush ou Johana Newsom, d’une atmosphère mélodique proche du label 4AD et d’harmonies faites à l’orgue. De la Funeral pop selon son propre aveu. Ce qui frappe dans ce disque, en plus de cette étonnante luminosité qui se dégage de ces mélodies et de ces enchaînements harmoniques, de cette singularité qui émane de cette musique et cette capacité à évoluer entre musique "classique", drone, post-rock et pop, c’est l’utilisation de l'espace et du temps, et des détails et couleurs qui s’y cachent.
Si parfois Anna von Hausswolff tombe dans des travers Floydien (période Division Bell) sur "Epitaph Of Daniel" et "Liturgy Of Light" notamment ou dans un mélange pas du meilleur goût de New-age et de musique folklorique (Harmonica), on y entend surtout des esprits vagabonds, le vent souffler, la neige tomber, les arbres bruisser dans les forets Scandinaves. On y entend aussi les harmonies de compositeur comme Maurice Duruflé, Charles Tournemire ou Jehan Alain. Ce disque vous prend aux tripes. Un superbe clair-obscur. |