Spectacle de new burlesque conçu par Kitty Hartl, avec la collaboration à la mise en scène de Pierrick Sorin, avec Julie Atlas Muz, Catherine D’Lish, Ulysse Klotz, Mimi Le Meaux, Dirty Martini, Peekaboo Pointe, Kitten on the Keys et Roky Roulette.
Le New Burlesque, niche culturelle américaine plus que centenaire réactivée dans les années 80 avec des performeuses pratiquant l'effeuillage subversif en détournant les normes et les codes associées à la féminité fantasmée par la gent masculine, et qui sont au strip-tease ce que les riot girls sont à la musique, a été importé en France par Kitty Hartl.
Avec les divas étasuniennes du genre, elle a créé le "Cabaret New Burlesque" que les fidèles ont découvert au Zèbre en 2005 et qui se produisait de manière underground dans des lieux alternatifs pour des dates quasi-confidentielles jusqu'à son explosion médiatique en 2010 due au film "Tournée" de Matthieu Almaric.
Ainsi, avec le succès du film récompensé à Cannes par le prix de la mise en scène, il a joué à guichets fermés notamment au Théâtre de la Cité Internationale puis au 104.
Et voici le Cabaret New Burlesque qui investit la scène du Théâtre du Rond-Point. Ne manque plus à son palmarès que les théâtres nationaux. Ah, Dirty Martini sur la scène de l'Odéon...
Pour ce nouveau spectacle, les numéros, généralement dispensés sans décor, ont été pourvus d'une scénographie confiée à l'artiste plasticien et vidéaste Pierrick Sorin, dont la spécialité est le petit théâtre optique et le détournement du film burlesque.
Pour les puristes, la rétro-projection de décor sulpicien à partir de maquettes à la lourde machinerie sur caisson roulant soumise aux aléas techniques ou l'insertion de l'image de l'artiste dans des images projetées en fond de scène non seulement n'apportent aucune valeur ajoutée au spectacle mais de surcroît une confusion en l'associant au genre cinématographique du cinéma burlesque du début du 20ème siècle dont il n'est pas une déclinaison.
Certes, le New Burlesque reprend les stéréotypes féminins véhiculés par le cinéma hollywoodien, de la femme fatale des années 20 aux stars des années 60 en passant par les pin-ups de calendriers mais pour les détourner et les subvertir en s'affranchissant des diktats physiques et, phénomène de contre-culture, en pratiquant, sous couvert du kitsch et de l'humour au premier degré, un art consommé de la satire.
Sur scène, les officiantes sont des femmes libres, des pulpeuses, des warriors. Une exception dans ce monde de femmes, Rocky Roulette qui excelle dans le strip-tease sur bâton à ressort et que les fans retrouveront en l'espèce non plus en cow-boy mais en Inuit chevauchant un Flipper-cachalot.
C'est toujours Kitten on the Keys, chanteuse, musicienne, et actrice, reine de la kittitude aux postures de bettyboopeuse et aux faux airs candides, qui, entre Madame Loyale et bateleuse grivoise, joue la maîtresse de cérémonie haranguant le public et poussant la chansonnette avec bonheur, dont une version customisée des fameuse sucettes de Serge Gainsbourg.
Sur scène, c'est un festival. Glamour chic avec Catherine D’Lish et la femme des années 40, longue cascade de cheveux roux à la Gilda, visage énigmatique et corps lascif, prise au piège d'une immense toile d'araignée.
La maturité éclatante, peau de lait ornée de tatouages, Mimi Le Meaux joue la séductrice qui se dévoile sans jamais se livrer et, en hommage à la danseuse américaine Loie Fuller, Julie Atlas Muz livre, sur la chanson "Milky way" de Jasmine Vegas un numéro à l'esthétique sublime.
Changement de registre musical avec le hip-hop hardcore de NTM sur lequel intervient Peekaboo Pointe vétue en policier pour un numéro endiablé qui s'achève dans la salle.
Enfin, morphotype de la Vénus de Lespugne, entre la plantureuse Mae West et les flamandes de Rubens, la papesse du tassel twirling, l'impératrice du new burlesque, Dirty Martini, est une malicieuse batwoman mais surtout revisite de manière fabuleuse histoire de Léda et du cygne. Le Cabaret New Burlesque, c'est jubilatoire, sexy et insolent. Donc à ne pas rater s'il passe dans votre ville. |