Satire humoristique écrite et interprétée par Jacques Mougenot.
Après avoir dévoilé sur scène le mystère de "La création du monde" et percé le secret du temps avec son opus littéraire intitulé "La machine à démonter le temps", Jacques Mougenot, comédien accompli, romancier et auteur dramatique à la plume qui manie le verbe avec autant de subtilité que d'humour, propose au spectateur d'explorer les arcanes d'un microcosme aussi fascinant que fermé au commun des mortels et parfois à l'entendement même, celui de l'art contemporain.
Pour ce spectacle qui, comme il l'annonce in limine, n'est pas un spectacle même s'il comporte des choses spectaculaires, il use de la forme de la conférence non pas de manière docte et didactique mais pragmatique par l'exemple.
Ainsi a-t-il choisi d'exposer à l'assistance ordinaire d'un théâtre, donc composée donc aussi bien de néophytes et d'amateurs éclairés que de férus d'art, les tenants et aboutissants d'une fameuse affaire, de surcroît exemplaire, "L'affaire Dussaert" - du nom du peintre chef de file et unique représentant du vacuisme - qui a, en son temps, défrayé la chronique non seulement culturelle mais politico-financière car quand il est question d'art il est souvent également question de gros sous.
Pour en restituer la substantifique moelle artistique et les rebondissements qui ont nourri une intrigue digne d'un polar culturel à la Iain Pears, le conférencier livre, avec un sens consommé du suspense, les résultats de l'enquête personnellement menée en empruntant les mocassins du Huron de Voltaire et la casquette de Rouletabille.
Le talent et le génie, la définition de l'oeuvre d'art, le vide et le rien, le concret et le philosophique, la démarche discursive et le geste artistique, la signifiance du non-signe, le marché de l'art, la politique culturelle des musées, autant de thèmes abordés dans ce spectacle impertinent et drôle à la trame ciselée dont le fil rouge est un humour à froid omniprésent manié par un conférencier malicieux.
Excellant dans le maniement de la prosodie comme dans l'impertinence de la narration et l'art du récit, qu'il livre de manière savoureuse et jubilatoire, Jacques Mougenot offre un intelligent divertissement satirique pour alimenter la réflexion sur la notion d'œuvre d'art sans se prendre trop au sérieux. |