Twin Powers, à l'image des ex-tours new yorkaises, s'inscrit comme un projet initié par le label Partycul System de mettre en parallèle des recherches musicales complémentaires.
Le second volet, Twin Powers II, met en point-contrepoint deux groupes de rock instrumental Ocre et Ethyleen Leiding.
Ocre, trio guitare-basse-batterie, dispense un rock énergique et pas si brut que cela.
Derrière des rythmiques martelées, empilées en strates sonores, transparaît une évidente recherche vers les confins du post-rock qui n’est pas sans rappeler la musique hypnotique de HiM la formation de Doug Sharin. Le point de convergence : l'expérimentation dans les eaux troubles du folk, du rock, de la noise mais aussi du dub fusion du blues et du free-jazz.
Les morceaux sont construits de manière homogène ("II Bluster", "Stehn", "Ostinato", "Einemaof" et "Alta") avec une fort belle densité, des développements brefs, intenses et maîtriés avant une conclusion paroxysmique.
Les quelques riffs à la Ry Cooder de "Chatel Perronia" et "Villa Denia" introduisent le deuxième groupe.
Ethyleen Leiding, projet solo de Lou Flanagan, batteur-guitariste du groupe de free noise Rroselicoeur, développe des compositions basées sur les résonances acoustiques et électriques de la guitare six cordes auxquelles se mêlent parfois quelques bidouillages électroniques.
Si "Malagache amalgame à Shaman-Gachette" nous entraîne dans les déserts wendersonien concoctés par Ry Cooder, "Asphalte et Conifères" lorgne du côté du folk intimiste avant que "Rock this way" s’emballe comme la diligence de La chevauchée fantastique de John Ford sur une guitare frénétique et une batterie entêtante.
Les trois morceaux suivants délaissent les grandes déserts texans pour explorer les dérives introspectives : rock progressif avec les dissonances de "Organic blue mood made of electrical iron rock" , rock-blues industriel à l amanière de Blue bob avec " Keep dry" et rock expérimental avec "Behind the clockwise".
Ces six excellentes pièces suffisent à créer une atmosphère très cinétique en nous plongeant dans des mondes étranges qui ne seraient pas pour déplaire à David Lynch et Jim Jarmush.
Un album hautement recommandable !