Sébastien Tellier explique son nouveau disque Confection de cette manière : "Quand je compose seul au piano, les yeux fermés, je peux trouver des thèmes qui n’auront pas leur place sur mes albums pop. Je les ai regroupés sur cette récréation, qui signe mon retour à la véritable musique, avec orchestre philharmonique, cordes, vents, cuivres et mon piano qui a servi pour La Ritournelle".
Tout est dit. Ce Confection est donc une récréation, une parenthèse. Ici point de concept mais juste des thèmes plus ou moins arrangés qui confèrent à ce disque de faux airs de Bande Originale. Terminées les élucubrations du plus ou moins raté de My God Is Blue et autres délires mystico-rigolos, Sébastien Tellier réapparaît quasiment comme au presque premier jour (Politics, 2004). C'est surtout le retour à une musique beaucoup plus écrite, peut-être plus classique ou savante dans sa composition.
Alors que vaut réellement ce confection ? Tellier est-il empêtré dans les fils de la composition comme l’aimeraient tellement ses détracteurs ? Sebastien Tellier fait-il de la musique d’ascenseur ou invite-t-il à un voyage intérieur ? Verre à moitié plein ou à moitié vide, en fonction de son degré d’amour pour la musique du barbu, Confection alterne le meilleur avec l'anecdotique. Introspectif, cérébral, le disque parlera plus à l’affect qu’aux jambes, cinématographique (certains morceaux ont failli se retrouver sur des films), ce nouveau disque est d’abord et avant tout instrumental (mené par une certaine science du trio piano, basse, batterie et de l’orchestration, merci Emmanuel d’Orlando).
Si le festin n’est pas toujours de choix, je vous conseille fortement d’éviter l’horrible, pathétique et même pas drôle pour le coup "Waltz", les passables "Delta Romantica", "Coco et le labyrinthe", les redondantes versions II et III de "L’amour naissant" qui ne peuvent pas prétendre à être un thème et variations ou l’aquatique "Curiosa". Tellier invite à sa table, ou a son piano, des illustres comme Delerue, Vannier, Gainsbourg, De Roubaix ou Komeda.
C’est par un "Adieu" que Confection commence. L’humour est toujours là. Envolée lyrique, sobriété romantique, espace harmonique, élitisme et une petite touche de concerto pour une voix de Saint-Preux. Tout le disque ou presque est résumé dans ce titre. La croisée des chemins entre musique savante et pop (plus ou moins élaborée). Pas grand-chose à retenir de "L’amour naissant", pale ersatz (rythmique et harmonique) en moins bien de "La Ritournelle". Par contre, on ne méprisera pas la mélancolie et la subtile orchestration d’"Adieu mes amours" qui aurait pu souligner les courbes nues de B.B.
Tellier aime jouer avec les codes, s'il capte avec génie la quintessence d’un style musical, c’est aussi pour mieux le confronter avec son époque ou tout du moins une certaine vision, comme sur "Hypnose", "Coco" ou "Adieu mes amours". Le tout avec ce fameux humour dont il ne se dépare jamais. Un disque donc mi-figue mi-raisin qui confortera les critiques tout comme les amoureux de la musique du bonhomme sans vraiment emporter une véritable passion… |