Nouveaux venus chez Hardly Arts (Shanon and the Clams, Hunx and His Punx), le quatuor exclusivement féminin originaire de Seattle, La Luz, réussit à prendre un premier départ énergique.
Hâtivement catégorisé dans le sous genre du surf rock, le groupe composé de Shana Cleveland (guitare), Abbey Blackwell (basse), Marian Li Pino (batterie) et d’Alice Sandhal (clavier) démontre une maîtrise musicale allant chercher du côté de la musique roots, latino ou encore folk vintage. Il faut dire que le bien nommé It’s Alive se permet d’aligner une petite collection de perles assez variées qui, enfilées bout à bout, finissent par livrer une parure réussie.
Ainsi, l’ingénieux titre d’ouverture "Sure As Springs", captive l’auditeur sans difficulté, entre sa guitare aux rythmes surannés (mais assumés) et un clavier clairement psychédélique. D’emblée, le ton est alors donné et la folie qu’évoque ce titre, dissimule à peine la précision du jeu des quatre filles qui amalgament les genres dans un esthétisme sonore de bon goût.
Et comme le sous-entend le titre de l’album, l’entité déborde de vie et les artistes s’avèrent être aussi joueuses que professionnelles. Même des titres à vocations instrumentales telles que "Phantom Feelings" suscitent des sourires de connivence, tant cette absence de parole, écho au titre, (traduisible par "Sentiments Fantômes") participe à un effet tout autant classieux que mystérieux.
Ailleurs, avec un chant alternant entre distance, harmonie vocale et lascivité (un peu comme The Sandwitches), la part belle est souvent faite à des productions qui collent aux voix comme une seconde peau. Un effet qui est évident sur l’envoûtant "You Can Never Know". Titre aussi sexy que l’affirme ses paroles ("How I want you so, You can never know") sur lequel la recherche de l’extase prend des allures de traversée du désert. D’abord avec une litanie de syllabes qui sont étirées avec style, ensuite avec un air de guitare qui semble vouloir donner forme, à lui seul, à la production. Plein d’une chaleur propre à prolonger l’été, un titre comme "Sunstroke" se retrouvera, quant à lui, sur un terrain entre Tarentino et un jeu musical digne d’un "guitar hero". Cette combinaison se suffisant à elle-même pour démentir les comparaisons trop faciles d’avec les girls band (type The Sangri-las) qui, sans être hors de propos, se retrouvent être un peu réductrices.
Mais La Luz, on le sent à travers tout l’album, est surtout un groupe qui a pour vocation le live. Et tout aussi réussi que peut être It’s Alive, ce dernier n’arrive que par à-coup timide à évoquer l’euphorie dont le groupe doit être le véhicule lors de leurs shows. Pour autant, l’album reste une réussite qui évolue sur une corde raide tendue entre l’ombre et la lumière, ou plutôt entre des développements sonores fleurant bon la nostalgie et des vocalismes entêtants. |