Avec son premier album, Drone Logic, le jeune anglais de 26 ans voulait à la fois créer une musique qui serait une véritable invitation au voyage et qui s’inscrirait à 100% dans l’air du temps.
Un Zeitgeist donc, qui aujourd’hui fleure surtout la musique électronique et ayant en prime une vocation dansante. En même temps, en étant le petit protégé d’Erol Alkan, sur le label duquel est paru son premier album le 7 octobre dernier, le musicien/DJ ne pouvait signer des chansons dépourvus d’un dynamisme propre à motiver un minimum les dancefloors.
Mais la puissance de son Drone Logic réside surtout dans son esthétisme batard, le positionnant en dehors des limites du genre. Le tour de force qu’il réussit ici prend forme avec une méthode qui fait massivement appel aux ordinateurs et à toute une panoplie de sonorités synthétiques, bref à ce que l’on frappe généralement du sceau de "computer music". Pourtant on peut affirmer, sans prendre de risque, que l’un des outils les plus évidents d’Avery reste une oreille ultra-sensible prompte à insuffler de la vitalité à des sons qui sont par définition issus d’un matériel sans âme.
Ne vous méprenez pas, sur des titres comme "New Energy (Living Through It)", on perçoit pléthore de ses sons électroniques (ou industriels) qui s’emboîtent les uns aux autres dans une forme complexe et qui, oui il n'y a pas de doutes, singe une forme animale ! C’est bien cela, Avery a tout simplement donné la vie à sa musique. D’ailleurs, cette voix désincarnée que l’on repère sur le sensuel "All I Need", le transcendant "Knowing We’ll Be Here" ou l’énergisant "Naive Response" n’est pas juste une addition tardive aux productions, mais bel et bien un instrument à part entière. La voix de cette bête de Frankenstein, version 2013, a l’apparence policée d’une femme mécanique et va à la rencontre du fantasme situé à la croisée des sexes et de la machine et qui trouve le moyen d’émouvoir les solides baroudeurs du type de Harrison Ford dans Blade Runner !
Vous l’aurez donc compris, l’album de Daniel Avery fera figure d’ovni, aussi bien sur la planète électro que sur les dancefloors, mais reste largement enclin à imprimer des mouvements rythmés à n’importe qui et sûrement n’importe où. Drone Logic a justement développé une arithmétique aussi imparable qu’originale plaçant Avery comme l’un des artistes les plus stimulants de l’année 2013 ! |