Le Musée des Arts Décoratifs célèbre le quarantième anniversaire de "Coucou Bazar", l'aventure plastique du peintre, sculpteur et plasticien Jean Dubuffet qui coincide avec la restauration de ses éléments par la Fondation Jean Dubuffet, fondation que l'artiste avait créé de son vivant pour assurer sa postérité.
"Coucou Bazar" constitue avec la "Closerie Falbala". sculpture monumentale de 1600 m2 classée monument historique, le point d'orgue d'un projet intitulé "l’Hourloupe" consacré à l'exploration des graphismes sinueux, résultant d'un dessin spontané et impulsif, qui réinterprèteraientt le monde visible.
Sous le commissariat de Sophie Duplaix, conservatrice en chef des collections contemporaines au Musée National d’Art Moderne, la grande Nef
expose
le décor, des panneaux fixes ou mobiles appelés praticables, et les costumes et masques géants qui constituaient les éléments d'un spectacle qui se voulait novateur.
En effet, Jean Dubuffet a voulu créer un spectacle au "statut spécifique insolite" qui serait essentiellement visuel, reposant sur une "trame animiste et pananimiste", et qui ne ressortirait ni au théâtre ni à la danse mais à la peinture avec "une animation scénique et musicale exemptes de toute organisation c'est-à-dire inorganisées, incohérentes et une musique discordante, cacophonique afin d'empêcher et perturber la bonne aise de l’auditeur".
En d'autres termes,
le peintre qui prônait le rejet de la catégorisation, tout en maintenant son appartenance à la peinture, voulait attribuer à cette dernière les attributs de la sculpture, la troisième dimension de la statuaire et le mouvement du cinétisme et la porter sur scène pour renouveler le spectacle vivant du théâtre et de la danse.
Le visiteur est accueilli par le
tableau animé "Don Coucoubazar", œuvre figurative représentant un personnage formé d'un assemblage de tôle peinte au polyuréthane.
Une figure grotesque qui annonce celles des personnages aux noms potaches, Bébé Dandine, le Grand Malotru, Cambriolus, Marie Tremblote, dont les costumes sont
des coques moulées en résine époxy pouvant atteindre la taille de deux mètres.
Présenté à Paris, New York et Turin au cours des années 1970, ce spectacle reçut un accueil très mitigé car il n'inventait rien ni au plan théorique quant au décloisonnement des arts et au rejet du vérisme en empruntant un sillon déjà creusé au plan théorique par Antonin Artaud et en pratique de manière récurrente depuis les dadaistes avec le Nouveau Théâtre des années 1950 puis le théâtre des années 1970.
Dans les galeries adjacentes sont présentés un important corpus iconographique retraçant la genèse du projet ainsi que sa réalisation dans des ateliers à la Cartoucherie de Vincennes et les archives documentaires sur les manifestations y afférant.
Une captation du spectacle lors d'une représentation à Turin permet au visiteur de prendre la mesure du spectacle ainsi que par la déambulation in situ de danseurs costumés dans l’espace de l’exposition.
A voir en accès libre devant le Petit Palais et exposé pour la première fois en France "Welcome Parade" composée de cinq immenses personnages inspirés de Coucou Bazar, qui résulte d'un projet conçu en 1974 pour la National Gallery of Art de Washington mais abandonné parce que jugé "trop provocant" et qui a été réalisé en 2008 par la Fondation Dubuffet d'après la maquette originale.
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