Faisant fi de toute licence poétique, Matt Elliott ose enfin dire tout haut ce que tout le monde ne pense pas, mais devrait. C'est donc avec un certain pragmatisme et un courage certain qu'il l'annonce en guise de titre à ce nouvel album, seuls les infarctus du myocarde peuvent vous briser le coeur.
Ben oui quoi merde, ce n'est pas un petit chagrin d'amour fût-il grand comme le désert de Gobi ou la crise financière mondiale qui va avoir raison de nos âmes en peine, que diable ! Par contre, les chansons de Matt Elliott risquent bien, encore une fois, de faire trembler nos paupières et s'hérisser les poils.
Tout commence avec les 17 minutes de "The Right to Cry". 17 minutes d'une folk acoustique entêtante aux circonvolutions sonores pas toujours si éloignées des hypnotiques morceaux de Third Eye Foundation, notamment au travers des percussions. Les guitares tantôt hispanisantes, tantôt aux accents slaves ("Again" (m')évoque tout autant des chants slave et le "Bella ciao" italien) habitent superbement tout l'album, rehaussées par quelques arrangements de cordes et claviers et bien évidemment et par dessus tout par la voix profonde et envoûtante de Matt Elliott.
Et comment ne pas trouver à "De nada" qui ferme l'album des airs de Leonard Cohen dans cette profondeur vocale abyssale dans laquelle on ne voudrait jamais cesser de se laisser tomber ? Et quand il n'y a pas de chant, la guitare rehaussée de quelques cordes est enchanteresse et suffit amplement à nous transporter dans un état de bien-être mêlé de nostalgie ("I Would Have Woken You With This Song") mais sans pathos. De fait, c'est plutôt une certaine allégresse qui s'empare de nous à l'écoute. État propice à la contemplation et à la mise en images, les nôtres, de cette musique qui sert à merveille notre imaginaire.
Un disque superbe et sobre qui s'appréhende facilement et ne cesse de s'enrichir à chaque écoute, chaque fois illustrée de vos propres sentiments. Bref, c'est beau. |