Dès 2012, la chanteuse annonçait qu’elle travaillait avec l’orchestre national de Mumbai et partageait un extrait qui deviendra par la suite l’introduction éponyme épique à son nouvel album. Intitulé Behold A Pale Horse et truffé de références bibliques, le second opus d’Ebony Bones voit surtout l’avènement d’une musique pop qui prend de la distance quant au style (il faut le reconnaître) un peu fourre-tout avec lequel nous l’avions découvert en 2009.
Plus mélodieux, moins festif, Bones réussit néanmoins à concentrer son énergie si particulière dans sa voix et dans l’omniprésence pétaradante et tonitruante des percussions. Pour autant, on appréciera une évidente volonté à ne pas simplement répéter les recettes passées.
De fait, son véritable premier single se lançait à l’assaut de territoires nouveaux et prenait un parti résolument plus mature dans son orchestration. "Mystery Babylon Balloons" s’entendait alors comme une production écartelée entre une atmosphère sombre, presque pesante et un chant frôlant l’hystérie, le tout étant renforcé en vidéo par une utilisation judicieuse des scènes du Metropolis de Fritz Lang.
Plus sombre encore, "I See, I Say" voit une Bones s’essayer à un genre proche de la musique Trap, une comparaison qui remettra en lumière certains de ses titres parus en 2009, la frappant au final du sceau de l’avant-gardisme.
Et puisque l’album conjure de nombreuses références à la Bible ("Pale Horse", "Lazarus" et "Bread & Circus"), avec une pure logique manichéenne celui-ci trouvera ses moments de grâce lumineux, comme lors de la reprise du titre de The Smith, "What Difference Does It Make" ou sur "While The People S.L.E.E.P." et leur triple couche de percussions. On y remarquera aussi plus évidemment, la présence d’une guitare électrique qui hantera avec beaucoup plus de force le background sonore.
Mais tous ses artifices peineront à dissimuler une certaine pauvreté. D’abord dans les textes, depuis "I See, I Say" qui joue la carte de la mise en abysse samplé, jusqu’à la réédition de son excellent titre "W.A.R.R.I.O.R." comme piste bonus. Mais aussi - et sutout - avec des pistes à l’instrumentalisation lente, sans surprises et qui finiront par lasser bien vite. Tel le titre "I.N.V.I.N.C.I.B.L.E.", pointant ici les véritables faiblesses d’un album qui peine à se ménager une identité solide et au moins aussi tonitruante que son prédécesseur.
C’est qu’en réalité, "Behold A Pale Horse" trébuchera sur son manque d’efficacité à rallier les oreilles aussi facilement que "Bone of My Bones" sorti en 2009 et sur la rude concurrence entre-temps apparue. Etant entendu que les prémices musicaux initiés par Bones, dans lesquels s’entremêlaient plusieurs genres et références, ont été assimilés par une toute nouvelle génération de musiciens. Forçant le retour de la londonienne colorée, à s’effectuer en demi-teintes. |