Cela commence comme une belle histoire. Jordan Lee, jeune auteur compositeur américain multi-instrumentiste, a la bougeotte et traîne son spleen et ses guêtres dans son pays, de l'Ohio, au Texas, en passant par St Louis, Boston ou Brooklin.
Au gré de ses pérégrinations, il développe son projet musical, Mutual Benefit, groupe à géométrie variable puisque sa composition varie selon le lieux où il se trouve. Jordan Lee sème quelques titres de façon confidentielle (sous format K7 ou vinyle), se crée une petite réputation (via Bandcamp notamment) et finit par se faire offrir la possibilité de signer avec un label et de publier ses titres. Ce sera donc Love’s crushing diamond.
Alors, nouvelle hype indé sans lendemain (déjà adoubé par Pitchwork…) ou valeur d’avenir, la question se pose. Composé de 7 titres, Love’s crushing diamond lorgne vers un folk pastoral, en apesanteur. Folk traditionnel tout d’abord par les instruments utilisés (guitare acoustique, violon, banjo) mais aussi folk moderne grâce des strates atmosphériques qui viennent étirer et intensifier les morceaux. On peut penser à Devendra Banhart pour le côté baroque ou à un Sparklehorse cotonneux, le tout sous l’ombre tutélaire de Nick Drake.
Les titres commencent souvent dans la confusion, par une sorte de cacophonie bucolique qui peu à peu laisse sa place à des mélodies fragiles, en suspension. Disque exigeant, Love’s crushes diamond requiert de la patience pour apprécier la subtilité des morceaux, qui semblent au final n’en former qu’un seul. Car c’est là le revers de la médaille : le manque d’aspérité fait qu’il est difficile de distinguer les titres sans une écoute attentive. On retiendra quand même quelques moments de grâce comme "Golden Wake", "Advanced Falconry" ou le long morceau final "Strong swimmer". On appréciera aussi l’apport de voix féminines sur plusieurs morceaux, ainsi que la sensation d’apaisement procurée par l’album dans son ensemble.
L'histoire de Mutual Benefit n'est pas encore terminée, à Jordan Lee d’en écrire maintenant les plus belles pages. |