Comédie dramatique de Bertold Brecht, mise en scène de Clément Poirée, avec avec Bruno Blairet, Laure Calamy, Eddie Chignara, Thibaut Corrion, Pierre Giafferri, Anthony Paliotti, Patrick Paroux et Benjamin Wangermee.
Après "Dans la jungle des villes", Clément Poirée revient à Bertold Brecht, auteur incontournable et archétype du morceau de bravoure incontournable pour un metteur en scène, joué, rejoué, déjoué, surjoué, chaque saison jusqu'à l'indigestion.
Son choix s'est porté sur "Homme pour homme", pièce de jeunesse écrite en 1925 par l'auteur pas encore trentenaire, qui indiquait avoir voulu écrire une comédie dans laquelle il est procédé "au démontage d’un individu, puis à son remontage en un autre, dans un but déterminé" et qui traitait de "la fausse collectivité, la mauvaise bande et son pouvoir de séduction"
Considérée comme une réflexion sur le thème de l'identité pour montrer, démontrer ou infirmer les proverbes "un homme en vaut un autre" et "l'habit ne fait pas le moine", la partition prend comme "cobaye" un jeune homme simple et naïf, une sorte d'homme naturel à la Rousseau, avatar de Jean la chance, autre personnage de Brecht.
En Inde au début du 20ème siècle, dans une garnison de l'armée coloniale anglaise, l'affaire est rondement menée par trois bidasses sans scrupules qui cherchent un remplaçant au quatrième qui s'est fait pincé lors d'un vol commis dans un temple.
Et c'est le brave mais simplet docker Galy Gay qui, d'abord pour rendre service, puis par appât du gain, en l'espèce du whisky et des cigares, et enfin par crainte de la justice et de la mort, va accepter d'endosser une autre identité et dans la foulée l'uniforme.
Dans un décor de fabrique de papier kraft totalement anachronique de Erwan Creff, même s'il se veut évocation de la fonction de Brecht père, Clément Poirée monte cette longue pièce de plus de deux heures, trop longue, qui n'aurait pas pâti d'être largement resserrée, au didactisme daté et biaisé à la manière burlesque sous forme de tableaux "épiques".
Le périple de Galy Gay est décliné sous forme de tableaux enjoués avec de jeunes comédiens qui jouent aux petits soldats (Bruno Blairet, Anthony Paliotti, Pierre Giafferi et Benjamin Wangermée), Laure Calamy défend haut et fort son rôle de cantinière, pas "mère courage", aux seins en obus à la Gaultier et Thibaut Corrion est parfait dans le rôle du candide aux airs de ravi de la crèche.
Se taillent la part du lion les vieux briscards de la scène que sont Eddie Chignara et Patrick Paroux, respectivement en sergent père fouettard d'opéra bouffe et en moine boudhiste, dont les numéros d'acteur réjouissent le public. |