D'après le roman de Raphaële Billetdoux, adaptation et mise en scène Anne-Pascale Paris, avec Nathalie Follezou et Ivan Gouillon
A l'affiche du théâtre Essaion, "Mes nuits sont plus belles que vos jours", adaptation par Anne-Pascale Paris du roman culte de Raphaèle Billetdoux, qui obtint le prix Renaudot en 1985, sur le thème intemporel de la passion amoureuse.
Et Anne-Pascale Paris, qui a également assuré la mise en scène, en propose une sngulière transposition théâtrale qui relève du sublime.
Raphaele Billetdoux, elle-même, reconnaît que cette pièce donne corps à l'esprit de son roman et loue le véritable travail de création artistique : "Ce que le cinéma n'a pas réussi à rendre (ndlr : le film d'Andrej Zulawski avec Sophie Marceau et Jacques Ductronc), ce que le livre même, objet muet, gardait plié entre les lignes, Anne Pascale Paris le tire à elle, le mâche pendant dix ans, le déglutit et le remet au monde".
Dans l'enfermement de la passion, symbolisée par un cube matérialisé par des tubulures rouges, auxquelles pendent de multiples cordes noires, va se nouer la plus charnelle des passions mais aussi le plus archaïque déchirement des individus.
Les comédiens, Nathalie Follezou, lumineuse, et Ivan Gouillon, lunaire, sont véritablement habités et transcendent les personnages. Expressifs dans leurs voix, dans leurs regards, dans leurs corps, dans leur âme, ils incarnent Blanche, cette toute jeune femme qui s'ouvre au monde, à la recherche inconsciente du lien fusionnel qui prendra le relais de celui existant avec une mère possessive, et Lucas, l'homme mature dont le schéma amoureux a été déterminée par la vision d'une scène primitive atypique, particulièrement traumatisante, non pas avoir assisté non aux ébats amoureux de ses parents, mais à leur noyade, la mère assassinée par la jalousie du père.
L'issue de ce huis clos, né d'une passion aussi subite que vénéneuse, ne peut qu'être dramatique. Parce que lui est dans la recherche et l'attente de l'accomplissement de cette fusion ultime et qu'elle, elle lui échappe ne pouvant assumer cette fulgurance amoureuse qui conduirait à l'enfermement physique, à l'anéantissement de soi, à la consumation de l'être.
Anne-Pascale Paris réussit une subtile et improbable alchimie entre épure et densité, entre éther et matérialité, entre flamboiement et ténèbres, entre réalité et fanstasme...
Un grand moment de théâtre vivant !
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