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puce Un ennemi du peuple
Théâtre de la Ville  (Paris)  janvier 2014

Comédie dramatique de Henrik Ibsen, mise en scène de Thomas Ostermeier, avec Thomas Bading, Christoph Gawenda, Moritz Gottwald, Ingo Hülsmann, Eva Meckbach, David Ruland et Stefan Stern.

Thomas Ostermeier poursuit l'exploration de l'oeuvre d'un de ses auteurs de prédilection, Henrik Ibsen en montant "Un ennemi du peuple".

Dans cette pièce magistrale écrite en 1882 qui tisse la tragédie classique, avec la thématique des frères ennemis, la satire sociale et la critique politique sous la forme d'un thriller socio-politique, et qui s'inscrit dans le registre du théâtre d'analyse et de dénonciation, Henrik Ibsen questionne avec un siècle d'avance la confrontation du principe de précaution et du principe de réalité qui sont au coeur de scandales actuels du sang contaminé aux fuites nucléaires en passant par les médicaments toxiques.

Avec un art consommé de la dissection à vif et sur le vif et une dramaturgie implacable, il fustige et dénonce les grandes croyances contemporaines basés sur l'apologie du peuple vertueux, le quatrième pouvoir attribué à la presse, les mérites de la démocratie et le dévouement altruiste des politiques.

Dans une petite ville de montagne dépourvue de ressources naturelles récemment dotée d'un établissement thermal qui constitue une inespérée manne financière, au nom de l'éthique professionnelle, des enjeux de santé publique et de sa responsabilité citoyenne, le médecin des thermes, dont la posture idéaliste n'est pas exempte d'ambiguité, révèle de manière directe et frontale l'état de pollution des eaux qui doit entraîner la fermeture pour travaux de l'établissement thermal.

Loin d'être soutenu et remercié tant par le pouvoir en place, son frère qui occupe les fonctions de maire, que par la presse locale et les habitants, il devient celui qui empêche de danser en rond publiquement désavoué et désigné comme ennemi du peuple au cours d'une réunion publique d'information qu'il a initiée.

Avis aux puristes : la partition éponyme mise en scène par Thomas Ostermeier résulte d'une adaptation concoctée par le dramaturge Florian Borchmeyer qui fait subir à l'opus original non seulement le lifting dicté par la désormais incontournable contextualisation mais lui apporte des modifications substantielles.

Ainsi, au quatrième acte, point d'orgue de la pièce dans lequel, face à la réprobation générale, s'opère la novation du chevalier justicier en nihiliste révolutionnaire, le texte original est remplacé par un extrait d'un texte essai politique controversé ("L'insurrection qui vient" d'un auteur anonyme crédité sous le nom de "Comité invisible") considéré comme une sorte de vademecum de l'insurrection rendue nécessaire par un constat du désastre suscité par une civilisation suicidaire et qui reprend les théories de certains philosophes des années 1970 notamment sur le travail-marchandise, la société de contrôle et le libéralisme sauvage.

Ce discours est utilisé par Thomas Ostermeier pour initier, à la manière de l'agitprop, un échange avec le public qui, hélas, ce soir-là au Théâtre de la Ville, avec des interventions indigentes, s'avère lénifiant.

Ensuite, le lynchage de l'orateur façon "happening" intervient à la manière du paintball avec des poches de couleurs qui s'écrasent sur le mur du décor manière "action painting".

Thomas Ostermeier est manifestement inspiré par l'art contemporain comme son scénographe attitré Jan Pappelbaum qui a conçu un décor de loft-squat avec dessins à la craie sur murs noirs qui évoquent les dessins-sténogrammes de l'artiste roumain Dan Perjovschi.

La partition est dispensée selon les codes du jeu cinétique faussement naturaliste par les acteurs de la Schaubühne autour de Stefan Stern qui campe efficacement le personnage principal, jeune médecin qui n'a pas encore coupé le cordon ombilical avec l'adolescence, la musique pop-rock des seventies, il joue en amateur dans un groupe formé avec ses copains journalistes, et la nostalgie de l'idéal révolutionnaire soixantehuitard. Et il donne de belles scènes fratricides avec l'excellent Ingo Hülsmann.

Cette contextualisation avec la génération de bobos trentenaires, tenue babacool, "canon," de rouge et pâtes conviviales, est particulièrement ironique et pertinente, rejoignant ainsi l'acuité de Ibsen, en ce qu'elle révèle un opportunisme qui s'est substitué au cynisme et une radicalité affichée qui ressortit davantage à la posture, voire l'imposture, qu'à la conviction pure et dure.

 

MM         
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