100 % musique française ce soir là au Nouveau Casino.
La scène du Nouveau Casino paraît bien grande quand s'installe Julie B. Bonnie, la petite blonde violoniste, chanteuse et co-auteur du défunt groupe Cornu, qui mène depuis quelques années un projet solo.
Accompagnée par Bertrand Belin (guitariste de Bénabar, entre autres, qui va sortir prochainement son premier opus), elle a les mains moites, la gorge un peu sèche, le sourire timide.
Et puis, il faut y aller ! Accrochée à sa guitare, elle nous propose un set acoustique plutôt pop composée de chansons intimistes ("Pute", "Tu es belle", "Comme Lino Ventura", "Parle lui d'amour", "Bimbo") qui sont autant de petites histoires de tous les jours.
Rupture totale cependant avec l'univers rock du groupe puisque les chansons de Julie sont de douces chansons pop aux ambiances tristes et mélancoliques. Sentiment de mélancolie renforcé par la formation de scène, Julie à la guitare et au chant est accompagnée de Bertrand Belin à la guitare et au banjo, le tout en semi acoustique, dans une ambiance feutrée un peu pertubée, comme à l'habitude par le bar beaucoup trop bruyant dans cette salle pour y écouter dans de bonnes conditions de la musique un tant soit peu intimiste. Car intimiste c'est bien comme cela que l'on peut qualifier les nouvelles chansons de Julie. Intimes même, personnelles jusqu'au fond de l'âme. Elle se lâche, nous chante ce qu'elle a sur le coeur, et tout cela avec une grande pudeur, à l'image de la chanson "Je ne veux plus te voir" pour laquelle elle annonce qu'elle ne peut dire à qui elle s'adresse mais que en tout cas c'est vrai...
Timide mais visiblement ravie d'être là Julie B Bonnie nous fait donc découvrir ses comptines douces amères pour grandes personnes, que vous pourrez, pour la plupart, réécouter sur son site officiel puisque la démo de 8 de ses nouvelles chansons est téléchargeable librement !
Allez n'attendez plus foncez, en attendant de les découvrir en version "orchestre" le 16 février au Sentier des halles.
Vient ensuite Vérone. Groupe inconnu au bataillon. Mais un article très laudateur de Libération qui voit en eux la révélation rock 2005, le top de la pop folk techno. Eloge à double tranchant. Ça passe ou ça casse !
Et, ça passe plutôt bien.
 Sur fond de mini films réalisés par Thibault Mazine projetés derrière eux, Vérone, trio composé de Fabien Guidollet, guitare et chant, Delphine Passant, guitare et banjo et Stéphane Auzenet claviers et basse, accompagné à la batterie par Tom Fury, distille un soft rock basé sur des ambiances très personnelles tout en étant fédératrices.
Ça commence tout en spleen atmosphérique avec "Alaska", ambiance feutrée sur un rythme électro plus suggéré qu'affirmé.
Au fur et à mesure du concert, on découvre que les textes ne s'inscrivent pas vraiment dans la tendance actuelle de la chanson française.
Tout ici est imagé, poétique, distancié et plutôt que de nous raconter des petites histoires de tous les jours, les Vérone emmènent les spectateurs dans un voyage parfois féérique ou onirique comme sur "J'ai vu des chevaux sous la mer" ou "Jericho". Assistée de 2 claviers, la musique de Vérone n'est pourtant pas essentiellement électronique et ils savent user avec délicatesse et parcimonie des ces instruments mêlés aux guitares basses batteries classiques, et même banjo ou mélodica.
Très différents de la version album, les morceaux de Vérone sont plus "rock" en live, très denses sans être pesants.
C'est un groupe à voir autant qu'à entendre, qui mise davantage sur la création d'univers que sur le jeu de scène extraverti et il faut reconnaître qu'il a les moyens de leur ambition. Les atouts majeurs : une savante symbiose d'influences diverses, de vrais textes, des thèmes efficaces, des paroles en français, un dosage harmonieux de chansons éthérées ("Caméléon"), parfois presque festives, une instrumenttion sophistiquée, des réminiscences enfantines ("L'élixir du suédois"), des références à une pop française plutôt atypique (Christophe, Polnareff avec "Le bal de l'empereur") et une indéniable tendance hype.
Le set s'achève sur "Retour au zoo" qui donne son nom à leur album. En rappel, le duo fondateur, Fabien et Dephine joueront "L'arbre noir", une belle reprise de Nino Ferrer.
Comme les paroles de "Caméléon", "le jugement est sans appel, tu n'y échapperas pas". Allez donc voir Vérone en concert...
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