Il y a deux ans, Breton débarquait dans le paysage musical avec un premier album, Other People’s Problems. Un disque qui synthétisait tout l’univers du groupe anglais francophile : le travail de l’image et du son, la reconquête de lieux urbains (Le Lab, repère d’expérimentations diverses dans une banque désaffectée), le rapport au public, l’afflux de diverses esthétiques musicales (pop, rock, hip-hop, dubstep). Suivait une longue tournée où les londoniens affichaient une énergie palpable et où tout semblait se mettre en place, avec l’importance de la vidéo notamment.
Depuis, le groupe a dû déménager et a quitté Londres pour Berlin. Un nouveau lieu d’expérimentations et de compositions mais presque aussi un nouveau départ. C’est dans un ancien bâtiment de l’Allemagne de l’est, le Funkhaus, studio radio abandonné que l’on imagine chargé d’histoire, à l’atmosphère particulière, ce que recherchait Breton, qu’a été enregistré ce War Room Stories. Derrière l’austérité des murs, les anglais ont changé leur façon de penser leur musique et les conditions d’enregistrement : moins d’élaborations par ordinateur et plus de morceaux construits collectivement lors de répétitions.
En ressort un disque partant dans de nombreuses directions musicales, plus collectif, mais un disque aussi nettement plus pop. "Envy", le premier titre et véritable tube en puissance à l’efficacité immédiate et le second, "S4" plus sombre, plus audacieux, plus tendu avec ces cordes tout en pointillisme sont un parfait exemple de la pluralité des couleurs sonores de ce disque. Les styles se télescopent toujours : "Got Well Soon" hypnotique et taillé pour le Dance floor, "Legs & Arms" puissant et mélodique (rappelant le premier album), "Closed Category" ou "National Grid" tout en méandres, "Search Party" à la pop singulière… Un mélange d’ADN au service d’une musique urbaine et d’une esthétique de plus en plus assumée, construite souvent en crescendos mélodiques. Et puis il y a cet orchestre symphonique, omniprésent, pensé comme des samples, comme pourrait les utiliser DJ Shadow par exemple.
War Room Stories se révèle donc être un disque aux multiples facettes et aux multiples lectures possibles. Il offre la possibilité d’une écoute simplement jouissive et celle d’une écoute plus réfléchie. Un choix délibéré du groupe d’osciller entre un versant direct et un autre plus cérébral. War Room Stories ou comment essayer de faire une musique accessible et parlant au plus grand nombre sans prendre les gens pour des idiots. |