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Donna Tartt  (Editions Plon)  janvier 2014

Classé numéro un aux Etats-Unis, propulsé en pole position en France dès sa parution et unanimement loué par la critique internationale qui en réfère aux figures tutélaires de Charles Dickens, Mark Twain et Dostoievski, "Le chardonneret" de Donna Tartt est le roman romanesque par excellence qui, selon l'expression consacrée se lit... comme un roman.

Il faut reconnaître que la romancière américaine, même si elle a la plume rare - un roman par décennie - maîtrise totalement ce genre en empruntant à la veine romanesque du réalisme littéraire du 19ème siècle, siècle que l'auteur semble apprécier au point d'en adopter le style vestimentaire avec son air de George Sand période dandy androgyne.

Ainsi dans ce troisième opus, avec une pratique maîtrisée du syncrétisme, elle brosse les tribulations sur une quinzaine d'années, de la pré-adolescence à la maturité, d'un jeune garçon orphelin dans une déclinaison contemporaine du roman d'aventures, au demeurant parfois rocambolesque, hybridé avec le roman d'apprentissage dans lequel elle insère une traversée sociétale de l'Amérique, ce qui suffit déjà à fédérer un large lectorat.

Mais, véritable trait de génie, elle y ajoute un macguffin, un objet métaphorique qui, en l'espèce, n'a rien de mystérieux puisqu'il est clairement identifié, mais dont la détention frauduleuse constitue le fil rouge sous-jacent d'une vraie fausse intrigue propre à exciter l'imagination et à soutenir une lecture addictive.

Cet objet est un tableau de Fabritius, peintre hollandais du Siècle d'or qui fut l'élève de Rembrandt, intitulé "Le chardonneret", tableau fétiche de sa mère que dérobe le jeune Théodore Decker lors de l'événement majeur qui va irrémédiablement décider de sa vie ("L'acte - son éternité - m'avait propulsé dans un monde si différent que j'étais déjà mort en pratique, j'avais la sensation d'être au-delà de tout, de me retourner pour regarder la terre depuis une banquise flottante ayant dérivé en mer. Ce qui était fait ne pouvait être défait. J'étais fichu").

Cet événement est l'explosion d'une bombe qui intervient dans le musée dans lequel il est en visite avec sa mère, notamment pour voir ce fameux tableau. Celle-ci y trouvera la mort alors que lui est sauvé pour s'en être éloigné afin de suivre une petite fille rousse qui l'a séduit.

Sans gloser sur les pérégrinations du héros qui en découleront, de la bourgeoisie aisée newyorkaise aux laissés pour compte de l'American dream où il s'initie au chapardage, à l'oisiveté, à l'alcool et aux drogues qui l'amèneront à devenir un négociant de faux meubles d'époque, dont la primeur doit être laissée au lecteur, ce qui mérite d'être signalé tient au triptyque thématique que Donna Tartt développe selon le mode de l'impossibilité, ou du moins de la possibilité contrariée, qui conduit le personnage à se maintenir, sinon se complaire, dans un état le maintenant en marge de la vie "normale".

En premier lieu, l'impossible résilience qui tient en l'occurrence, au refus conscient et délibéré de faire le deuil de la mère, un refus qui va au-delà de la simple volonté d'en garder vivant le souvenir, puisque le jeune garçon décline toute aide psychologique pour l'aider à passer ce cap particulièrement douloureux et traumatisant ("C'était comme si j'avais subi une modification chimique de l'esprit, comme si l'équilibre acide de ma psyché avait été modifié et laissait s'exfiltrer ma vie de façon irréparable ou irréversible, telle une fronde de corail ossifiée").

Ensuite, le thème de l'amour inaccessible avec l'amour impossible avec la petite rousse, d'abord en raison des aléas liés à leur minorité, puis de son incapacité non exempte d'ambiguïté, à lui révéler ses sentiments ("Pippa représentait le royaume perdu, la partie non meurtrie de mon être qui avait disparu avec ma mère").

Enfin, le bonheur impossible, ou plus exactement l'incapacité à accéder au bonheur en raison non seulement de la persistance de l’angoisse infantile de la rupture avec la mère faute du passage à l'âge adulte mais d'une mélancolie, au sens psychiatrique du terme, consubstantielle au stress post-traumatique, que Donna Tartt développe de manière admirable dans la lignée du pessimisme schopenhauerien.

Car là réside le vrai sujet : le tragique de la condition humaine vouée au malheur et à la mort ("Personne ne pourra jamais au grand jamais me persuader que la vie est un cadeau génial et généreux. Parce que la vie est une catastrophe") que seule une philosophie du détachement peut rendre supportable et pour lequel l'art peut constituer sinon une consolation du moins une sublimation : "C'est un privilège d'aimer ce que la Mort n'atteint pas. Parce que si le désastre et l'oubli ont suivi ce tableau au fil du temps, l'amour l'a suivi aussi".

 

MM         
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Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

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"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
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"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
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"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

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"Painkiller" au Théâtre de la Colline
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"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
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Lecture avec :

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"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
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