Monologue écrit par Camille de Villeneuve et interprété par Clémence de Villeneuve.
"De l'une à l'autre", spectacle du registre du "seul en scène" , est placé sous le signe de la dualité ce qui n'est la moindre de ses singularités.
En premier lieu, deux soeurs : à la plume, Camille de Villeneuve, diplômée de L’École normale supérieure, au jeu, Clémence de Villeneuve, comédienne.
La première s'est inspirée de l'oeuvre de Gabrielle Wittkop, écrivaine française, auteure d'une oeuvre atypique aux confins du symbolisme et du surréalisme par son exploration de la dissociation de la personnalité, entre son enveloppe charnelle et son moi intime, et qualifiée d'"anticonformiste sulfureuse" par son approche radicale de la féminité, pour nourrir les deux personnages que la seconde porte en elle depuis ses débuts.
Et ces deux personnages, prénommés Colette et Nuage, sont la manifestation du syndrome dissociatif dont souffre une jeune femme hospitalisée dans le service de fantasmologie de la Clinique du Cerf.
L'une, la jolie se voit comme une princesse "Point de vue-Images du monde" et se complait dans le stéréotype de la femme futile et infantile. L'autre, la moche binoclarde et zozotante, frustrée, complexée et angoissée, tente désespérément de se raccrocher au principe de réalité.
Mais toutes deux révèlent la même relation compliquée et ambigüe avec la féminité, la sexualité et la maternité.
Ni stand-up, ni one woman show, "De l'une à l'autre" constitue une vraie partition théâtrale à deux voix pour une comédienne, bénéficiant d'une écriture travaillée et qui, usant de l'ironie satirique, du burlesque et de la fantaisie, dynamite la psyché féminine.
Sur scène, Clémence de Villeneuve, qui navigue allègrement de manière performative, et sans doute cathartique, entre les deux figures, dispense avec talent cette partition atypique, aussi inquiétante que jubilatoire et subtilement transgressive. A découvrir d'urgence. Absolument. |