La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent (…)
Correspondances, Charles Baudelaire
L’impression d’être une sorte de Lope de Aguirre (Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog fait justement partie des influences de ce disque), Jean Rouch (Les Maîtres Fous), d’Henry Walter Bates ou d’Alfred Grandidier sonore. Voilà la sensation que donne ce Pensée Magique, nouvel album des Marquises. Comme une invitation à la découverte, à la prise de risque, mais loin de tout exotisme. La jungle comme thème récurrent de ce disque. Cet endroit à la fois impénétrable, anxiogène, mais aussi beau, hypnotique et luxuriant.
Pour jouer avec nos nerfs et nos oreilles, Jean-Sébastien Nouveau s’est adjoint les services d’Etienne Jaumet (The Married Monk, Zombie Zombie) au saxophone, Martin Duru (Immune, Colo Colo : les deux autres projets connexes de Jean-Sébastien Nouveau), Julien Nouveau (Immune) aux percussions et larsens, Benoit Soleil à la batterie, Souleymane Felicioli à la trompette et Nicolas Laureau (Don Nino, NLF3) et Johannes Buff (Dubaï) aux chants. Une formation à géométrie variable mais toujours portée par l’envie de travailler la matière sonore, comme des correspondances Baudelairiennes ou synesthésies, ces rapports entre le monde matériel et le monde spirituel, ces concordances permettant de passer du monde du ressenti à celui des idées.
Comme dans le premier album Lost Lost Lost et plus encore, on retrouve une matière sonore dense, hybride, loin de tous codes stylistiques. Un énorme travail est effectué évidemment sur les ambiances, ses aspérités et les atmosphères mais également sur les harmonies et les mélodies. Surtout, comme squelette à ce disque organique, minéral, cérébral, animal (sont-ce des insectes que nous entendons dans "In The Forest" ?), ce sont bien les percussions qui rythment ce disque, comme un cœur imaginaire aux pulsations tribales. |