Fenster est une fenêtre ouverte vers une pop rayonnante, lumineuse, rêveuse, aérienne aussi. Après un premier album, Bones, passé un peu inaperçu malgré des qualités indéniables, le groupe Berlino-New Yorkais revient avec un nouveau disque aussi beau que mystérieux. Enregistré dans une vieille maison à Cottbus en ex Allemagne de l’est, le groupe s’est laissé porter par l'expérimentation et le jeu, une approche inspirée par le lieu même, en utilisant la maison et son environnement (porte, eau, vélo, animaux, horloge) comme un véritable instrument. Un univers sonore capturé par le producteur Tad Klimp, devenu par ailleurs presque un membre à part entière du groupe, qui rajoute encore à cette impression de naviguer étrangement entre rêve et réalité.
The Pink Caves est un disque de dream pop, il faut prendre ici le terme dream dans son sens littéral, en flottaison intime. Chaque titre nous enfonce plus profondément dans une pop en lévitation ("In The Walls", "Mirrors", "Creatures"), presque en apesanteur ("Sunday Owls", "Better Days", "True Love") et un folk sombre, aérien ("Cat Emperor") et totalement habité ("The Light"). Les fines mélodies éthérées et les voix aériennes nous enveloppent doucement d’une étrange sensation, celle d’être comme dans une sorte de brume cotonneuse, avec un petit côté Lynchien (Twin Peaks est une influence auto proclamée du groupe) en sus. La sensation, qui ne nous quittera plus d’ailleurs, de s’enfoncer lentement dans un paradis imaginaire, ou tout du moins un monde parallèle, à la fois étrange et onirique, évanescent et bancal, coloré et angoissant, surréaliste et érotique (la musique de Francis Lai pour Bilitis résonne dans le titre "In The Walls"). Avec ce disque, Fenster vient doucement habiter notre esprit d’une douce mais étrange clarté. |