Spectacle conçu et mis en scène par Florence Lavaud d'après le conte de Hans Christian Andersen, avec Martial Bourlart, Florian Caron et Thierry Dupont.
Après le spectacle "Sortir du corps" dont nous vous avions fait part, nous retrouvons la Compagnie de l'Oiseau Mouche avec une nouvelle création "Un stoïque soldat de plomb" d'après le conte d'Hans Christian Andersen.
La Compagnie de l'Oiseau Mouche se compose de comédiens avec un handicap mental. Lorsqu'un metteur en scène, ici Florence Lavaud, décide de travailler avec la troupe, il/elle sait qu'il/elle s'inscrit dans un projet avec des comédiens professionnels qui mettent leur différence au service du spectacle, pour l'enrichir d'une lecture supplémentaire, passionnante.
Le conte d'Andersen est loin d'avoir été choisi au hasard. Dans le conte un enfant reçoit une boite de petits soldats de plomb: vingt-cinq soldats identiques, avec le même uniforme, les yeux fixes, qui se rangent parfaitement les uns à la suite des autres. Un de ces soldats se distingue, il lui manque une jambe : le fabricant a manqué de plomb pour terminer l'ensemble. Il est là, avec les autres, différent et incomplet.
C'est lui que l'auteur choisit de suivre dans ses aventures. Ce petit soldat stoïque n'a pas le destin des autres, il tombe amoureux, il plonge dans les égouts, il est avalé par le poisson, il est jeté dans le poêle et fond auprès de sa belle poupée danseuse.
Florence Lavaud et le comédien Martial Bourlart font place à l'enfant, aux rapports symétriques que crée l'enfant avec son soldat de plomb sur une seule jambe. Comment obéir quand on est un soldat de plomb? Comment correspondre aux attentes des parents quand on est impulsif, insouciant, irréfléchi c'est-à-dire un petit enfant ?
L'enfant (Martial Bourlart) singe l'autorité et les invectives des adultes et devient un petit tortionnaire pour son petit soldat de plomb qui, stoïque, se soumet s'échappant déjà en rêvant à sa belle.
Florian Caron interprète le petit soldat. A travers son expression corporelle (il est quasi silencieux) il traduit la volonté de bien faire du soldat/enfant, la soumission sans renier sa part de rêve, et la tendresse qu'il porte sur le monde grâce à l'amour qu'il porte à la danseuse.
Entre l'enfant interprété par Martial Bourlart et le soldat par Florian Caron, Thierry Dupont tient le rôle d'un narrateur délirant, qui habite les jeux de l'enfant : des jeux où la réalité du monde devient angoissante, immense, menaçante. Une angoisse, un débordement dont il nous sauve par le rire. L'installation vidéo et sonore plonge dans l'univers fantasmé de l'enfant où les jouets se démultiplient, où les décors de petit château remplissent tout l'espace.
La Compagnie de L'Oiseau Mouche et Florence Lavaud ont adapté le conte d'Andersen pour qu'il devienne le récit d'un parcours initiatique : celui d'un personnage repoussé, brutalisé qui après des péripéties quasi mythologiques (pensons à Jonas avalé par la baleine) accomplit son destin exceptionnel héroïque : au delà des apparences, il n'y a de vraie richesse que celle qu'on recèle au fond du son cœur. |