Offrir une dynamique partagée entre trois musiciens et deux chanteuses n’est pas donné à tout le monde. Et si la recette ne date pas d’hier, l’un des premiers référents en la matière est et demeure les légendaires Fleetwood Mac. Et même si le groupe originaire de Brooklyn, Lucius, n’a pas pris le risque d’ouvertement se comparer à des pairs aussi prestigieux, nul doute que la comparaison s’imposera d’elle-même aux esprits les plus éveillés.
Des 5 membres, le public ne retiendra surtout que Jess Wolfe et Holly Laessig, qu’on imagine comme les leaders naturels et charismatiques d’un groupe se situant à la croisée d’un rock un peu folk et d’une pop lumineuse.
Leur premier album, Wildewoman, en plus de présenter une pochette avec une référence phallique à peine dissimuler, (une peinture pop art d’Evelyn Axell) met en présence des titres s’échelonnant sur tout un camaïeu à faire pâlir d’envie tout arc-en-ciel qui se respecte !
"Nothing Ordinary" réussira en un rien de temps à captiver les oreilles du premier venu, en empilant sur une seule production une énergie qui doit tant au chant dynamique des deux filles, qu’au martellement implacable des guitares. Et déjà, l’on devine l’ombre et la silhouette des "girls band" si chère aux années 70’s, qui planent au-dessus de Lucius.
Jouissif et libérateur, Wildewoman réussit même le temps de ses chansons les plus "sages" à imprimer un esprit nostalgique à l’album, à grands renforts de chœurs et en singeant, par exemple, des boîtes à musique vintage, tel que cela est le cas sur le titre "Monsters". Sans même mentionner les quelques excursions vers les années 90’s, à la manière de "Hey, Doreen" qui reprend une construction pop, un peu cheap mais très assumée, qui ne sera pas sans rappeler les errements typiques à cette époque !
Ailleurs, l’album alignera des productions fondamentalement plus folk, pointant un certain retour à la simplicité dans les formes musicales, mais s’écorchant au passage sur son manque d’hétérogénéité. Que des titres comme "How Loud Your Heart Gets" ou "Wildewoman" tentent de titiller les cordes sensibles de leur auditeur est une chose, mais qu’ils faillissent à participer à la mise en forme de l’album en est une autre.
Fort heureusement, cette faiblesse aura tendance à se métamorphoser en atout au détour de titres frappés par de véritables épiphanies, tels que le très pop "Tempest" et le défouloir qu’est "Turn It Around". Les deux résumant "Wildewoman" comme un album pris entre des arrangements blues et une dynamique pop, le tout, non dénué d’un certain lyrisme folk. |