Placé sous les auspices antiques, ce printemps muséal propose une confrontation intéressante avec les expositions en provenance de Rome, où elles se sont déjà déroulées en parallèle, consacrées à deux figures ennemies.
Dans les superbes volumes du Grand Palais, se tient la "pharaonique" exposition historique et archéologique consacrée à Auguste, le fondateur de l'Empire romain.
Menée par de grandes institutions nationales, "Moi, Auguste, empereur de Rome..." se développe sur deux niveaux dans une scénographie grandiose à couper le souffle.
Dans le dédale des espaces plus modestes de la Pinacothèque de Paris, se niche la monstration dédiée à
Cléopâtre qui, contrairement à Auguste dont les mérites sont sans doute ignorés du néophyte, connaît une belle et pérenne notoriété dans le grand public.
En effet, la dernière souveraine d'Egypte, figure illustre sur laquelle, au demeurant, peu de choses est connu, est entrée dans la légende comme femme fatale quasiment de son vivant du fait de la campagne de dénigrement orchestrée par Auguste. Et sa mort "spectaculaire", empoisonnée par le venin d'un aspic, qui a nourri le mythe, continue de fasciner les esprits.
Cléopâtre, entre mythe et réalité
Organisée par l'institution privée Arthemisia sous le commissariat de Giovanni Gentile, avec la collaboration de Giovanni Villa, Massimiliano Capella et Enzo Sallustro, l'exposition intitulée "Le mythe de Cléopâtre" revêt la forme d'un diptyque.
Classique, le premier volet propose, à partir des vestiges archéologiques, une immersion dans la culture égyptienne de l'époque ptolémaïque à travers l'art de la statuaire, les arts décoratifs dont les bijoux, et les us et coutumes en termes de culte religieux et funéraire.
Elle comporte notamment le portrait des principaux protagonistes d'une histoire aux allures de saga politico-familiale dans laquelle la figure de Cléopâtre, maîtresse conquérante qui a terrifié Rome, "la ville élevée aux sept collines qui commande à tout l’univers", éclipse celle de ses amants aussi prestigieux fussent-ils comme celle de son ennemi juré.
Au premier chef, les portraits de Cléopâtre dont deux certifiés, celui du musée des antiquités de Turin, qui a été retenu comme visuel pour l'affiche, et celui de la collection privée de Maurice Nahman la représentant jeune fille.
A ses côtés, son aïeul Alexandre le Grand, la belle égyptienne étant d'ascendance grecque.
Et Jules César, son protecteur et amant auquel elle a donné un fils Césarion, Marc-Antoine, lieutenant de César, auquel il était apparenté par la branche maternelle, qui le remplaça auprès d'elle, dont il eut un fils, Alexandre le Soleil dont est présenté un buste inédit.
Enfin, Auguste, petit-neveu et fils adoptif de César, dont l'armée remporta la fameuse bataille navale d'Actium qui scella la défaite de Marc-Antoine et l'écrasement de l'Egypte.
Pour la présentation française l'exposition s'est dotée d'un deuxième volet qui aborde la représentation polysémique de la figure de Cléopâtre telle qu'elle a inspiré les arts, de la peinture au cinéma, en passant par l'opéra, la littérature et le théâtre, de l'héroïne tragique à la femme fatale, emblème de pouvoir et de séduction.
Ainsi, Cléopâtre constitue une figure iconographique pour la peinture italienne depuis la Renaissance avec le portrait de Guido Reni
jusqu'au 19ème siècle orientaliste avec "La mort de Cléopâtre" par Achille Gisenti.
Cléopâtre devient également un personnage sur les scènes théâtrales et lyriques.
Au 20ème siècle, le cinéma prend le relais avec le genre du péplum et il est toujours fait appel à de très belles actrices pour camper Cléopâtre.
Sont ainsi exposés les costumes du film-culte de Joseph Mankiewicz avec entre autres la cape dorée portée par Elizabeth Taylor ou une des fantaisistes robes créées par Philippe Guillotel pour Monica Belluci dans le film "Astérix et Obélix : mission Cléopâtre", inspiré de la bande dessinée de René Goscinny et Albert Uderzo, réalisé en 2002 par Alain Chabat. |