Keith Kouna et Lisa Leblanc à la même affiche au Bataclan. Après la tornade Klô Pelgag au Café de la Danse, deux semaines auparavant, nos amis québécois semblent prendre leurs quartiers de printemps sur le vieux continent.
Keith Kouna ("Prononcez Kitt ! Kiss est un groupe dont je ne partage pas les goûts en matière de maquillage"), dont les disques étaient en tête de gondole à Montréal chez Archambaud et au HMV l'automne dernier, est venu pour six mois en résidence à Paris à la Cité Internationale afin de réaliser son troisième album solo.
Depuis son arrivée, il tourne en France, Suisse et Belgique dans des salles de toutes tailles.
Artiste tout terrain, ce soir au Bataclan, accompagné d'un musicien au clavier, il passe en revue les chansons de son second album Du plaisir et des bombes. En plus, il gratifie le public français d'une reprise de Renaud, "Laisse Béton", réinterprétée avec expressions québécoises pur jus d'érable incluses. Il présente son single "Pas de panique" comme "la toune qui (lui) a permis de nager dans le fric, les grosses bagnoles, les femmes, la cocaïne... bref, de devenir quelqu'un de respectable". En dernier morceau, il interprétera un extrait de son premier album Les années Monsieur et extrêmement drôle "Labrador" sur la vie dans ce coin particulièrement reculé du territoire canadien.
Lisa Leblanc a, quant à elle, rencontré un succès phénoménal au Québec avec son disque de Folk trash. Sa chanson "Ma vie c'est de la marde" a agité les réseaux francophones sur le net, il y a deux ans. Le disque a mis un an avant de sortir chez Tôt ou Tard, label qui s'illustre volontiers dans la chanson française décalée avec des artistes aussi différents que Thomas Fersen, Albin de la Simone, James Delleck ou Shaka Ponk.
Des voisins de label qui lui conviennent bien tellement son propre style entre country rock chanté en français, bluegrass survitaminée mâtinée d'expressions en chiac, la langue du Nouveau-Brunswick dont elle est une des plus éminentes représentantes, lui est propre. Et c'est certainement sa personnalité cash, entière, énergique, loin des fards habituels qu'on rencontre dans le milieu de la musique qui lui ont valu de recevoir le prix du meilleur premier album francophone par France Inter et Télérama en 2013.
Dans le public, des jeunes et des moins jeunes. Mais surtout un public qui n'est plus essentiellement québécois comme lors de sa prestation au festival FnacLive l'été dernier.
Le concert commence après une brève intro country par "J'Pas un Cowboy", puis Lisa qui troque sa guitare pour le banjo sur "Cerveau ramolli". L'ensemble de l'album a été interprété.
Un nouvel EP de chansons en anglais sortira au Canada en mai, et certainement peu de temps après en France. "Katie Cruel", "Gold diggin'" et "You look like trouble but I guess I do too", si on se fie aux titres inscrits sur la tracklist posée devant Lisa pendant le concert, en feront partie.
Et Lisa et ses "beaux boys" de terminer la première partie du set avec une reprise de Motörhead, "Ace of Spades", avant d'enchaîner avec "Avoir su".
La fin du concert se déroulera très simplement, Lisa Leblanc assise sur chaise avec sa guitare sèche, la salle plongée dans la demi-pénombre avec un nouveau morceau "Track Race", puis "Câlisse-moi là" dans une version un peu improvisée car interprétée à la demande du public alors qu'elle ne l'a plus interprétée depuis environ six mois et enfin une autre nouvelle chanson, "Le Temps fait son job".
Keith Kouna a réussi à se mettre le public dans la poche en un tournemain.
Quant à Lisa Leblanc, elle a enflammé un Bataclan de toute manière déjà acquis à sa cause.
Une soirée bien chaude dans un "Bataclan, Feuck Yeah" comme elle l'avait inscrit tout en haut de sa tracklist. |