Vous ne connaissez pas Jay Reatard et vous ne vous êtes pas encore pris sa musique en pleine figure ? Il est toujours temps de rattraper cette comète musicale disparue bien trop tôt.
La vie de Jimmy Lee Lindsey Jr ressemble à un conte de fée à l’envers : une enfance bien pourrie à Memphis, des parents absents, la solitude, des difficultés d’adaptation au monde extérieur et une tendance à la castagne (ses petits camarades de l’école le traiteront d’attardé : "reatard") mais une réelle et franche fascination pour la musique : les Ramones, Buddy Holly, The Oblivians…
C’est cet amour de la musique, venu rapidement : le gaillard composera son premier disque à 15 ans, qui l’empêchera sûrement de sombrer dans la délinquance pure et bien dure et qui lui fera enregistrer une quantité pléthorique de chansons et d’albums (environs 80 disques) en groupe avec les Reatards, The Lost Sounds, Terror Visions, Destruction Unit, Angry Angles… ou en solo. Le tout avec comme mots d’ordres : do it yourself, mélodie, rock speed et nerveux et surtout aucune concession. Une musique à l’urgence, à l’intensité et à la fulgurance rare qui nous fait regretter amèrement sa disparition causée par un mélange explosif de cocaïne et d’alcool, le 13 janvier 2010 à seulement 29 ans.
On peut affirmer sans trop se tromper que Jay Reatard fut un artiste marquant, que cela soit pour d’autres musiciens : Black Lips, Ty Segall, Deerhunter, Thee Oh Sees et consorts que pour le public. Ce qui est forcément le cas des créateurs de Teenage Hate Records. Le tout jeune label Lyonnais appelé en référence au nom du premier album des Reatards a eu l’excellente idée, presque 4 ans après la mort du chanteur et guitariste, de lui rendre hommage avec, comme première sortie, cette compilation. Un tribute avec parmi ce qui se fait de mieux en matière de groupe garage rock (ou proche) Français : entre autres J.C. Satan, The Liminanas, H-Burns, Cheveu, Zëro ou encore Von Pariahs et tournant plutôt autour de la dernière période de la discographie de Jay : les indispensables Blood Visions (2006) ou Watch Me Fall (2009) par exemple.
Dire que ce disque fait honneur à Jay Reatard est un euphémisme. On en prend plein les oreilles, cela bouscule bien comme il faut et cela procure un plaisir indescriptible ! Alors un grand bravo à ce label, on lui souhaite un bel avenir et vous, il ne vous reste plus qu’à vous procurer cette compilation… |