Evitons de suite de verser dans la facilité et autres raccourcis incongrus et mal venus. Oui, Marian Hill fait "grosso modo" de la musique électronique. Et oui, le duo agrémente ses productions avec des accents r'n'b. Evidemment sur le papier, certaines comparaisons s'imposeront donc comme une épiphanie, alors que les esprits moins crédules apprécieront un univers musical unique. Déjà, avec les titres sortis l'année dernière, "Whisky" et "Lovit", (tous deux présents sur ce premier EP), la voix de Samantha s'équilibre sur un fil tendu entre sensualité et lascivité, une alliance prometteuse apte à retenir l’attention et qui marquait Marian Hill d’un sceau se démarquant des sonorités actuelles.
C'est qu'avec ces deux productions, le duo formé de Jeremy Lloyd et de Samantha Gongol, mettait en place des épisodes électroniques minimalistes, intervenant comme un contrepoids à un r'n'b délicat de forme et souvent réduit à peau de chagrin. Le whisky devenait alors une boisson dont la douceur apparente suffisait, à peine, à dissimuler quelque chose de capiteux. Ou plus exactement, une boisson de caractère, avec un fort potentiel, distillée dans les rues de Philadelphie depuis que les deux ont fait connaissance à l'école.
Ainsi sur "Lovit", l'alliance d'une percussion lointaine (conçue principalement avec des claquements de doigts), d'un chant presque naïf et d'un son rappelant - vaguement - une trompette, bercera lentement l'auditeur (tout autant qu'inéluctablement) vers des contrées proches d'un esprit acid jazz. Mais attention, l'affriolante combinaison des divers horizons musicaux offrira systématiquement un panorama s'étiolant sensuellement sur des variations de boucles électroniques.
Qu'elles soient vocales, comme sur "Whisky" ou instrumentales (sur "One Time"), les boucles représenteront donc l'aspect électro s'installant discrètement au second plan. Parcimonieusement utilisées, elles deviennent alors un instrument à part entière et le principal moteur impulsant une dynamique à chaque titre. Ainsi pour exemple, "Play" chanson offrant son nom à l'EP, se joue d'une pluie de percussion s'agrémentant au fur et à mesure de quelques notes de basse avant de s'ouvrir sur des boucles mi-vocales / mi-mélodiques. Et mêmes des productions plus évasives, telles que "Breathe Into Me" s'offriront cette dichotomie entre une machinerie que l'on imagine propre au club et la sensualité du chant de Samantha.
Bref, le titre est bel et bien judicieux pour ce premier EP, se jouant des atmosphères et des rythmes, pour se forger lentement mais sûrement une identité tout aussi singulière que forte. |