Bad music for bad people. Le décor est planté. Born Bad, la boutique rock (musiques, fringues, etc.) fête le 30 mai ses quinze années d’existence avec un festival à la machine du Moulin Rouge réunissant : Frustration, Kid Congo, Holograms, Pierre & Bastien…
Born Bad, c’est un peu à Paris la Mecque du Rock dans tout ce qu’il a de pluriel, du moment qu’il est sincère et qu’il a un minimum de "corones". Un lieu devenu incontournable et indispensable au fil des années, une boutique comme souvent maintenant chez les disquaires indépendants tenue par des gens ouverts et passionnés pour, mais pas que, des passionnés. Entretien avec Mark Adolph, co-fondateur de la boutique et batteur de Frustration.
Monter un magasin de disque il y a 15 ans était un pari risqué. Comment est venue cette idée ?
Mark Adolf : Born Bad, c’est avant tout une histoire de potes. Iwan et moi traînions ensemble aux concerts depuis des années, on jouait aussi dans les mêmes groupes. On s’est retrouvé à un moment donné à se demander ce qu’on allait faire dans la vie. Cette idée de boutique s’est vite imposée à nous sachant qu’Iwan avait déjà l’expérience de vendeur au Silence de la rue pendant quelques années. On a senti qu’il manquait à Paris une boutique pointue en matière de Rock’n’roll et de Garage-Punk.
Comment réussir à durer, à tenir alors que l’on parle d’une industrie du disque en crise ?
Mark Adolf : En ce qui nous concerne, on a toujours privilégié le vinyle depuis le début. On a toujours eu un rapport très fort avec nos clients qui fréquentaient la boutique autant pour acheter que pour partager des infos (nouveautés / concerts), une sorte de lieu de vie / de passage pour toute la scène Rock’n’roll ou Garage-punk internationale.
L’industrie du disque est en crise à cause de l’effondrement des ventes de CD. Cela ne nous a pas beaucoup touchés, on a juste dû réduire les achats de CD. Elle touche moins les passionnés qui continuent à être actifs malgré ça.
Les indépendants et les petits labels ont plus su s’adapter car ils ne sont pas dans une dynamique de profit.
Comment pourrais-tu décrire la boutique Born Bad, son identité ?
Mark Adolf : Born Bad, c’est avant tout une boutique de disques vinyles qui couvre tous les courants du rock’n’roll des années 50 à nos jours. Les classiques garage ‘60s, Soul, les groupes obscurs de Punk rock, de HxC de Cold Wave et toute la scène underground actuelle. On essaie aussi de s’ouvrir à d’autres courants comme le jazz ou la pop. Cela reste avant tout une boutique de passionnés pour passionnés !
Quelles sont les relations entre la boutique Born Bad et le label (Born Bad Records) ?
Mark Adolf : Le label a été créé par notre pote JB il y a 8 ans. Il est venu nous demander l’utilisation du nom pour avoir un impact plus fort, plus rapidement. On lui a dit OK et depuis le label a eu le succès que l’on connaît et contribue désormais aussi à la réussite du magasin.
Sinon, l’autre relation est que la première sortie du label est le groupe Frustration dans lequel je joue de la batterie.
Le vinyle est-il le sauveur du disque ?
Mark Adolf : Depuis le début du magasin, on a toujours privilégié le vinyle. Dans les années 80, quand le support CD est arrivé, on n’a pas cédé à l’effervescence. En tant que passionné, c’est le format qui me correspond le plus, une belle pochette, un son chaleureux, un vrai objet que l’on peut voir tourner sur une platine ! Le CD a un côté pratique mais trop réducteur. Il s’avère que le vinyle n’a jamais disparu dans les réseaux underground ou indépendant mais ça reste un truc de passionnés.
Quelles sont les références que vous possédez en boutique et dont vous êtes le plus fiers ?
Mark Adolf : En ce moment, il y a vraiment une tonne de très bons groupes, c’est d’ailleurs un peu dur pour le porte-monnaie de certains clients ! La tuerie du mois, c’est Ausmuteants, un groupe australien de synthé-punk. Egalement Dreamsalon avec des membres de A-Frames… Sinon les sorties de labels comme Castle Face, In the Red, Hozac, Dark Entries, Voodoo rhythm ; plein de super repros de singles de Punkrock ’77, de Soul, de R’n’b… et celles du label Born Bad bien sûr.
Peut-on parler de la boutique Born Bad comme l’une des plaques tournantes, comme un axe important du rock and roll Parisien ?
Mark Adolf : Oui certainement, étant donné que tous les acteurs de cette scène y passent régulièrement, que ce soit les groupes, les organisateurs de soirées, les labels et les gens qui vont aux concerts.
Comment s’est faite la programmation assez hallucinante du festival pour les 15 ans de Born Bad ?
Mark Adolf : Tout simplement en s’y prenant à l’avance, en me faisant plaisir avant tout avec des groupes de qualité et que j’aime !
Je voulais une programmation représentative du spectre musical de la boutique. Des classiques avec Kid Congo, la nouvelle scène avec Holograms et Shannon, du français avec Pierre & Bastien et Dictaphone, des Dj percutants avec Jonathan Toubin un DJ New-yorkais qui fait danser les foules, notre pote Elzo DURT, artiste confirmé pour ses illustrations notamment dans le milieu musical européen…
Et puis Frustration bien sûr, le groupe dans lequel je joue de la batterie, signé sur le label Born Bad.
Cela veut dire quoi être rock en France en 2014 ?
Mark Adolf : Pour moi ce terme veut tout et rien dire. C’est un terme fourre-tout qui a été trés utilisé. Il faudrait y ajouter des attributs comme Rock‘n ‘roll, Punk rock.. sinon dans l’idéal ça serait faire les choses qu’on aime, par soi-même, ne pas suivre les règles.
Comment se passe la tournée de Frustration ?
Mark Adolf : Une vraie aventure entre potes ! Nous avons passé une semaine de tournée en Europe, de Bruxelles à Berlin. Nous devions partir à Moscou mais on s’est fait recaler à l’enregistrement car nos visas n’étaient pas bons ! On a dû courir pendant deux jours à Berlin pour réussir à obtenir ces fameux visas. On a réussi in extremis à chopper un avion pour Moscou. On est arrivé au club à minuit, joué à 2h du mat’, visite express de la place rouge en 30 minutes puis retour à l’aéroport en embarquant 5 minutes avant le départ de l’avion ! Sacrée expérience, très stressante, je n’aurais pas assez de 3 pages pour tout raconter ! Mais sinon le reste de la tournée a été super !
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