Textes de Sylvia Plath dits par Charlotte Rampling accompagnée au violon par Sonia Wieder-Atherton.
Elle apparaît dans la lumière, souriante dans une robe noire sans manche, toute en sobriété. Ni petite fille prolongée, ni vieille dame précoce, elle est là en amie de toujours, avec qui l’on est immédiatement heureux de reprendre la conversation interrompue la veille ou l’année dernière.
Elle a décidé aujourd’hui de parler en anglais et de dire des poèmes d’une Américaine presque anglaise, Sylvia Plath, météore précoce de la poésie anglo-saxonne. Mais Charlotte Rampling n’est pas venue pour raconter le destin fracassé de cette poétesse. Elle est là pour restituer la musique de ses mots en compagnie de la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton.
Sur une scène vide, avec un rectangle noir faisant office de siège pour s’asseoir ou s’allonger quand sa partenaire ponctue ses lectures avec des moments des Suites pour violoncelle de Benjamin Britten, Charlotte Rampling récite avec empressement les poèmes de Sylvia.
Cette voix familière, chaleureuse, a toujours été rapide et l’on ne peut s’empêcher de penser que ses échos plutôt graves résonnaient déjà dans "La Chair de l’orchidée", le premier film de Patrice Chéreau, il y a déjà quatre décennies.
Si l’on n’est pas anglophone, on se sentira peut-être frustré d’avoir à suivre des surtitres qui défilent à grande vitesse pour traduire une poésie imagée, pas évidente à assimiler puisque les images à décrypter s’enchaînent constamment.
Mieux vaut sans doute ne pas se perdre dans une vaine lecture des surtitres : ces "Danses nocturnes" sont avant tout l’expression d’une fusion entre une voix et un violoncelle. La musicalité des mots de Sylvia Plath répond à celle des notes de Benjamin Britten et même si le sens du texte échappe, la complicité harmonieuse de Charlotte Rampling et de Sonia Wieder-Atherton envoûtera.
Ce n’est pas lui faire offense que de dire que l’actrice franco-britannique n’est pas incontestable dans l’exercice du spectacle poétique. Mais ce manque de technique lui permet d’exprimer une fragilité qui convient parfaitement à la poésie de Sylvia Plath.
Hors de toute mécanique d’interprétation, usant sans exagérer de son charisme de toujours, Charlotte Rampling restitue avec sérénité l’immense talent de la poétesse et donne envie de la lire et de la mieux connaître. |