La sphère médiatique s’est tellement trop marée avec Stromae qu’elle en a occulté une autre histoire belge formidable quand il s’agit de répondre à la question Popoutai. Celle de cette scène post dEUS décomplexée et excitante, sans être tous les mêmes, que composent Girls in Hawaii, Balthazar, Puggy ou Piano Club. Ces derniers ayant d’ailleurs été nominés dans la catégorie pop/rock aux côtés des premiers, lors des Octaves de la Musique 2014 – l’équivalent de nos Victoires – du 8 avril à Liège (Puggy aura été le plus lucky).
Avec Colore, son second disque, Piano Club joue sans fausse note sur tous les tons d’une palette indie pop moderne haute en couleur. "Colore le monde, sans feutre, sans épreuves ni bombes" ou presque, puisqu’il contient une dizaine de bombinettes énergiques et euphorisantes qui devraient promettre à ces innocents les mains pleines.
Emmené par Anthony Sinatra, chanteur-leader des Hollywood Porn Stars qui signe ici tous les morceaux, Piano Club – un nom qui fait référence à une collection de synthés – transforme sa nostalgie des sonorités analogiques de la fin des 70’s (Electric Light Orchestra en tête) en une positive attitude moins naïve qu’il n’y paraît. Une rêverie toute psychédélique qui se veut aussi organique – un kalimba, des grelots mais aussi un chat, de l’eau ou un radiateur côté instrumentations – et renvoie plus près de nous à Mercury Rev ou The Flaming Lips (les titres "A day like a year" et "The Captain"). La Sweet Sensation provoquée par cette feel good music vous fera même déplacer des montagnes, tambour battant et haut les chœurs, sur l’hymne folk "Ain't no mountain high".
Mais c’est sans doute à la décennie suivante – les 80’s – que le quatuor rend le mieux hommage. Une déclaration d’amour à Sarah (Records), plus qu’à "Olivia" (Newton-John), qui pourrait bien briser le cœur de Kip Berman des The Pains of Being Pure At Heart (les addictifs "Today" et "On the wagon" chantés avec le même timbre de voix). Ce voyage sur la ligne C86 s’autorise enfin un détour en territoire italo-disco le temps des "Wyelm" et "A long time ago", dans un registre plus électro.
Quadricolore et tubesque, la deuxième touche de Piano Club leur ouvre grand les portes des festivals. Alors, on danse ? |