Lanterns, le dernier né de Son Lux a eu le temps de constituer son public depuis sa sortie en octobre 2013. Le public en question a d’ailleurs répondu présent et c’est massé comme un seul homme, lundi 26 mai, pour rencontrer le groupe de passage au Café de la Danse.
Et c’est le jeune anglais William Arcane qui a ouvert le bal. Grand corps perdu dans la sombre immensité de la salle, mais qui a très bien su habiter la totalité de l’espace en lançant son électro romantique vers les étoiles.
Légèrement hanté, son set a très vite su développer des ramifications assez hallucinantes. Des branches soniques sont parties du côté du post-dubstep si cher à la jeune scène londonienne, alors que d’autres se sont déployées vers une électro sensuelle et atmosphérique. Ensemble, les ramifications ont réussi à former un arbre majestueux, quoiqu’un tantinet sombre, et dont les racines s’appuyaient justement sur des arcanes musicaux quasi-mystiques.
Un set dont la magie fut largement portée par la voix légère de l’artiste et qui intervenait comme un contrepoids agréable et judicieux à des notes volontairement lourdes et saturées de basses. Le public ne s’y est pas trompé, il a accueilli l’artiste avec un silence révérencieux, presque en communion avec les longues complaintes qui auraient aisément fait pâlir d’envie un Autre Ne Veut ou un Doldrums !
Et quand il fallut laisser place à Son Lux sur scène, autant dire que le public du Café de la Danse avait les oreilles grandes ouvertes, l’ovation au bord des lèvres et les pieds trépignant littéralement d’impatience.
Réparti dans un set assez classique (guitares / batterie / clavier), le groupe aux allures de collocs pour geek à lunettes ne s’est pas fait prier pour mettre le feu aux poudres. En véritables sorciers / gourous, le groupe a revisité l’album Lanterns, abandonnant les quelques longueurs de celui-ci (dû à quelques accents de musique classique) pour une véritable aventure sonique épique !
Déclamant ses paroles au travers de deux micros distincts, Ryan Lott n’a nullement caché le plaisir qui fut le sien à être sur scène et d’offrir au public, au demeurant très réactif, une performance de haut niveau et très énervée.
Avec un équilibre précis entre les arrangements live et ceux des versions originales, Son Lux a accordé une place toute particulière à la guitare de Rafiq Bhatia, qui eut un malin plaisir à réaménager les aspects les plus épiques de la plupart des pistes. De fait chaque titre, à commencer par "Lanterns", en passant par "Alternate World" ou "Easy", a gagné en profondeur tout autant qu’en puissance. Derrière les apparences sages des trois musiciens et la voix empruntée de Ryan, on suppute assez vite une volonté propice à des débordements d’énergie. C’est d’autant plus palpable que le chanteur enchaîne les mouvements épileptiques, difficilement circonscrits dans une zone à quelques mètres des micros et de son clavier.
Les faux-semblants sont d’ailleurs vite tombés face à l’interprétation rythmique endiablée de titres plus propices à accueillir les synergies entre les membres et celle qui n’a eu cesse d’avoir lieu entre la salle et la scène. Car ne vous y trompez pas, Son Lux au Café de la Danse, c’était avant tout une expérience musicale s’apparentant plus facilement à une communion, un échange entièrement basé sur le plaisir de donner et recevoir, à des lieux d’une tournée musicale dénuée de tout âme. |