Comédie de Christophe Delessart, mise en scène de Frédéric Souterelle, avec Christophe Delessart, Hugo Van Hemelryck, Fanny Guillot et Alice Roudillon.
Avec "Médecine d'ours", Christophe Delessart réussit à faire du théâtre avec les bons sentiments à partir de la situation classique de la confrontation en huis-clos, de la mythologie des amitiés viriles et du thème de l'inattendue rencontre salutaire.
En l'occurrence, la cohabitation forcée dans une chambre d'hôpital de deux patients que tout oppose - deux mondes, deux cultures, deux générations et deux hommes : un jeune dealer des cités et un quinquagénaire ex-trader - va révéler leurs fêlures et leur désarroi profond au terme d'échanges musclés.
Christophe Delessart a peaufiné des dialogues affutés, tempérés par le sens de l'humour et de l'autodérision dont il a doté les personnages pour lesquels il a manifestement puisé, dans le registre des "histoires d'hommes" du cinéma des années 1960 tenu par des auteurs et dialoguistes tels Antoine Blondin et Michel Audiard.
Et impossible de ne pas songer, malgré la différence contextuelle, au duo Gabin-Belmondo dans "Un singe en hiver", film culte avec sa réussie hybridation du comique et de l'émotion.
Christophe Delessart, dans le rôle de l'ours mal léché qui a perdu ses illusions même s'il est encore bardé de certitudes, a le jeu et la diction tous en rondeur du premier, et Hugo Van Hemelryck, air buté et ostensible forfanterie de l'adulescent en manque de repères et de valeurs dépourvu de projet de vie, a la juvénilité frondeuse du second.
Cédant à la tentation d'aller au-delà de cette situation dramaturgiquement tenue et aboutie pour raconter une belle histoire, Christophe Delessart y adjoint, en guise d'épilogue, un court deuxième acte placé sous le signe du romanesque et de la romance sur fond de chant de cigales qui s'avère totalement dispensable.
Le décor, constitué de panneaux réversibles, est simple et efficace comme la mise en scène de Frédéric Souterelle qui soutient le jeu réaliste des comédiens ne cédant ni à la caricature ni à la démonstrativité.
Les prestations de Christophe Delessart et Hugo Van Hemelryck sont équilibrées et convaincantes. Egalement justes, Fanny Guillot et Alice Roudillon, dans le rôle de silhouettes féminines archétypales, respectivement la jolie et dévouée infirmière et la petite amie lolita des banlieues, complètent la distribution. |