Monologue dramatique écrit par José Drevon dit par Maxime Kerzanet dans une mise en scène de Guillaume Dujardin.
Ceux qui envient les artistes devraient partager une de leurs nuits (de celles désertées par l’épouse épouvantée, en fuite).
José Drevon, (sans e, mais c’est une dame) écrivain et auteur (sans e, coquille patoisante) a imaginé une de ces séances de torture créatives pendant lesquelles le grand homme est à la fois bourreau et supplicié.
Et de s’inspirer de ses toiles célèbres, ses "Caprices" ou les hiboux géants et les chauves-souris graphologues, qui durent naître entre deux cauchemars ou d’un mouvement de tissu sur l’armoire, envahissent le cerveau comme un coffre ouvert.
L’insomniaque - Goya - rumine, fustige les femmes, leur corruption, la société de son temps, le mépris appliqué à ceux qui souffrent pour leur art. Il cherche des clous rouillés, sur son grabat, et son imagination en fait poindre à sa demande.
Ce spectacle ressemble à un tableau de Goya, avec une descente de croix qui est une complaisance de choix. La nuit envahit le cœur et la lumière, c’est la souffrance de l’Homme, la vie, qui est souffrance.
Guillaume Dujardin, metteur en scène exigeant qui demeure probablement interdit devant un texte, contemplatif, avant de se laisser envahir par une intuition directrice, a choisi le dépouillement de cette cellule humaine qu’est une nuit avec soi-même.
Un comédien irradiant, Maxime Kerzanet, incarne avec jeunesse, beauté, l’intensité d’une vie ardente, risquant sa fraîcheur à des mots d’homme fait et défait, s’opposant physiquement à la meurtrissure.
Comme toujours à l’Atalante (dans le cadre du fameux Festival de caves), le choix est exigeant et le spectacle de très haute tenue. Ces "Caprices" transpercent et transforment. Une traversée de la toile. |