Quand la première édition des Francos Gourmandes eut lieu en 2012, avouons que cela avait provoqué un petit séisme en Bourgogne. Les ayatollahs des petits festivals et du "made in Burgundy" avaient sévèrement grogné, sans être pour autant écoutés... Version "gastronomique" des Francofolies de La Rochelle, les Francos Gourmandes, sises à Tournus (71), ont confirmé leur implantation en 2013 avec une deuxième édition réussie, pour se placer sous le signe de l'apaisement et du bon esprit pour ce troisième volet en deux actes (vendredi 13 et samedi 14 juin). Les finitions sont réussies : le site a été intelligemment repensé, l'organisation s'est affinée, et le public est au rendez-vous dès l'ouverture du site, preuve d'impatience et d'envie.
Tout commence avec TelDem Com'Unity, groupe d'électro dub que j'avais déjà aperçu et beaucoup apprécié lors d'un concert de rentrée à Dijon en 2012. Le choix est excellent : l'entrée en matière est douce et assurée, rythmée sans être brusque : il faut dire que les petits ont quand même de la bouteille et produisent une musique riche, tantôt chantée, tantôt instrumentale, aux origines diverses et convaincantes – essentiellement reggae et hip-hop. On félicite ces Dijonnais pour la qualité de leur live et l'entrain qu'ils ont su créer dès dix-huit heures... A tel point qu'ils s'en étonnent eux-mêmes au micro.
Couchée dans l'herbe sous un soleil de plomb, on écoute La Mine de Rien avec un intérêt réel. Venu de Lyon, existant depuis dix ans, et mené par le chanteur Yannick Chatelain – qui rappelle discrètement en début de set qu'il soutient les intermittents du spectacle, La Mine de Rien dispense du festif bien pensé, agréable, sans être trop répétitif ni élémentaire. Soyons clairs : le charisme du groupe est essentiellement endossé par Ghislain Paillard, saxophoniste de son état, dont la maestria est à couper le souffle. Le groupe alterne des morceaux vifs et intimistes, et le tout est très convaincant, dans sa sincérité et sa qualité technique et scénique : une belle découverte !
Juste avant que monsieur Wampas déboule sur scène, des intermittents du spectacle investissent le plateau, banderole à la main et douleur au cœur. Le discours est virulent, ouvertement anti-gouvernemental, se veut justement prophétique, mais le public ne sait pas s'il doit applaudir ou siffler...
Wampas chante toujours un peu faux, mais on l'aime avant tout parce qu'il est le roi de la scène et du no limit. La petite mèche que les deux groupes précédents avaient allumée, Wampas finit de la brûler par les deux bouts, en mettant le feu et sur la scène et dans le public. On le connaît : ça monte sur les retours, ça se désape à souhait et ça se déhanche dans un pantalon moulant disco doré, ça lance son micro (je félicite le technicien qui gère ces frasques !), ça lance une botte de foin dans le public et ça chevauche une chaise pour slamer. C'est fou, c'est délirant, à tel point que le public ne sait pas toujours s'il faut en rire ou en pleurer. Personnellement, je reste fascinée par son énergie et sa capacité au grand n'importe quoi que peu d'artistes se permettent en live. On ne voit pas le set passer... Jusqu'à ce qu'une foultitude de donzelles endiablées montent sur la scène dans un grand foutoir terminal.
Un aligot, et ça repart.
Du coup, il fallait bien que Skip The Use assure la relève et se place à la hauteur du délire wampasien. Mat Bastard, moins sautillant qu'à l'ordinaire mais toujours aussi survolté, n'a encore pas démérité. Pas une minute de répit dans ce set entrecoupé d'interventions loufoques et libertaires du chanteur, à l'accent toujours aussi surprenant. Le dialogue avec le public est certain, mais je suis prête à parier que les petites piques ironiques qui ont suivi le ban bourguignon (déclaration d'amour régionale !) n'ont pas plu à tous les puristes... La setlist est variée, et propose les titres tant attendus, comme "Ghost" ou "Cup of Coffee". Vu que c'est la sixième fois que je les couvre... Je trouve certains titres un peu ressemblants, mais ça ne tient qu'à moi.
On a passé une tellement bonne journée qu'on décide lâchement de sécher Dub Inc., de peur de ne pas finir sur une bonne note... |