Scènes courtes de Jean Michel Ribes et Roland Topor, mise en scène de Ivana Coppola, avec Laurence Bréheret, Cathy Cerda, Simon Charasson, Ivana Coppola, Ana Piévic et Stéphane Pouplard.
Pour composer ces "Courts-circuits", Stéphane Pouplard a puisé dans deux thésaurus à l'humour de nature différente dont Jean-Michel Ribes est le commun dénominateur : ses "pièces détachées" et "monologues, bilogues, trilogues" dans lesquels l'humour nait de l'abime métaphysique et de la joute oratoire et les "Batailles" écrites à quatre mains avec le décapant Roland Topor qui sont placées sous le signe de l'humour noir et du tragique grotesque.
A la mise en scène, et pour combiner les deux de manière uniforme, Ivana Coppola a gommé la spécificité de certaines partitions originales qui tient essentiellement à la confrontation "musclée", voire meurtrière tant au sens propre que figuré, notamment en les découpant pour les imbriquer ce qui casse leur dramaturgie interne qui va de crescendo vers la cruauté absolue envers l'autre (la scène romantique du balcon transposée en scène de rupture meurtrière dans "Ultime bataille") comme envers soi (le meurtre de son double schizoïde dans "Bataille intime").
Elle y substitue le "tourbillon délicieusement déraisonnable" de l'atmosphère des comédies italiennes des années 1960 afin de placer le spectacle - scandé par le refrain fameux d'une chanson italienne de 1956, "Tu vuo' fa' l'americano" - sous le signe du "bonbon acidulé à déguster sans modération".
Ainsi, le théâtre des opérations migre du champ de bataille avec gaz de combat et capsules de cyanure vers la partie de campagne dans un décor champêtre, gazon et salon de jardin, avec champagne et dragibus dans lequel évolue gaillardement un sextet vêtu de costumes aux teintes vives et au look résolument sixties.
Cathy Cerda est percutante dans sa mise à mort et Laurence Bréheret délicieusement cynique dans une rupture conjugale pour le moins définitive.
Duels à fleurets non mouchetés encore avec Ivana Coppola et Stéphane Pouplard dans l'épique scène de ménage de "Tragédie" dans laquelle la tragédie théâtrale contamine la sphère privée et Ana Piévic et Simon Charasson pour une simple histoire d'orgueil autour d'une perruque-Nicorette ("Bronches").
Et tous se retrouvent dans une joyeuse choralité autour des jeux délirants de "Jeux et joies" et de l'importance de la lettre T et pour camper les victimes de la publicité abusive et mensongère de l'agence "Voyages-Aventures". |