Burn Your Fire For No Witness, un conseil que la chanteuse folk Angel Olsen semble appliquer à elle-même, tant son talent demeure une chose secrète, braise à moitié dissimulée, mais loin d'être consumée.
Avec un opus précédent au compteur et une tournée en compagnie de Bonnie Prince Billy, l'artiste originaire de Saint Louis nous offre avec ce second né une expérience poétique aventureuse. Perchée du haut de sa voix mi-blasée mi-claire, Angel Olsen s'applique à délivrer une palette d'émotion intuitive et totalement empathique, une espèce de camaïeu romanesque des sentiments propres à l'humanité.
Accompagnée de sa guitare comme fil d'Arianne, l'artiste folk transcende les époques et frappe juste en alternant rythmiques énervées et complaintes passionnées, comme l'atteste des titres de l'acabit de "Stars". Plus loin, avec la mélancolie maîtrisée de "White Fire" et sa redondance de berceuse triste, on ne peut que succomber à cette voix qui dans la détresse réussit à susciter une vive chaleur.
Pourtant, le véritable tour de force d'Angel Olsen n'est pas d'être le parfait conducteur pour éprouver des sentiments, mais bien une maîtrise de son organe qui jamais ne se perd en digression sonique. Au contraire, qu'importe les passions et les ressentis, l'artiste garde sa voix sous contrôle, préférant lui offrir de subtile modulation plutôt que de la laisser s'épancher inutilement. Ainsi, "Iota" devient une charmante balade, presque exotique, emprisonnée entre un rythme serein frappé à la guitare et une douce litanie chantée.
C'est précisément la quintessence de Burn Your Fire For No Witness, une passion mesurée et contrôlée qui ne demande qu'à déborder dans des oreilles prêtes à l'accueillir. Cet hiver, pas besoin de cacheoreilles ! |