LCD Soundsystem est principalement composé de James Murphy, un trentenaire qui a déjà pas mal baroudé dans le milieu rock indépendant. Il est aujourd'hui tenancier de DFA, label ultra hype qui a remis au goût du jour la vague disco punk. C'est lui qu'on retrouve à la production du fameux Dance To The Underground des Radio 4, ainsi que du premier album de The Rapture, grosse sensation de la rentrée 2003 qui mélangeait rage punk et rythmiques discoïdes.
Courant 2002, Il a décidé d'adjoindre ses efforts à un autre "vétéran" de la scène électro, Tim Goldsworthy, ancien responsable du label Mo'wax et principal architecte sonore du groupe Unkle. Leur single Losing my edge fit l'effet d'une bombe dans les milieux initiés, et même au-delà, puisque Britney Spears a un moment caressé l'espoir d'être produite par Murphy...
Il faut avouer que le fameux Losing… est un single terriblement efficace qui mêle un tas de références : Brian Eno, les Talking Heads, the Fall mais également la scène new-yorkaise de la fin des années 70 à début 80, avec des groupes comme ESG, Liquid Liquid, ou dans une moindre mesure DNA. Murphy s'était également fait remarquer pour ses paroles acerbes et volontiers cyniques envers la petite sphère du rock indépendant, taillant au passage un costard aux "kids en petites vestes noires cintrées courant après une nostalgie qu'ils n'ont jamais vécue"…
Les singles du duo sont d'ailleurs regroupés sur un deuxième CD. On y retrouve le meilleur de LCD Soundsystem. L'imparable Losing My edge figure en bonne place mais également l'excellent Beat Connection. Ces deux simples synthétisent parfaitement le son du groupe : un refus constant des chapelles, une volonté de repousser sans cesse les territoires de la création musicale : concasser le punk, la disco et le rock afin d'organiser une formidable partouze sonore.
Les neuf titres de l'album sont de bonne facture, mais ils restent, à deux exceptions près, sans surprises.
"Daft Punk Is Playing In My House" est un mélange de basses rondes, de guitares rock, rythmiques dance ainsi que la marque de fabrique du label : les cloches de vaches. On retrouve cette efficacité sur "Disco Infiltrator". "Too much love" rappelle (un peu trop) les Talking heads. “Tribulations” est une petite bombe dansante et lascive qui ravira les adeptes du dance-floor. "Movement" semble tout droit sorti des fonds de tiroir de The Fall.
C'est malheureusement ce qui agace chez Murphy, il pastiche à l'extrême ses groupes favoris. A ce sujet il se déclare "Très bon imitateur". Pourtant le bonhomme se révèle habile là où on ne l'attend pas forcément : sur "Never As Tired As When I'm Waking Up" il singe à merveille les Beatles du Double blanc. Sur "Great relase", Murphy chausse les bottes de sept lieues de la pop atmosphérique, se permettant au passage de faire jeu égal avec les caciques du genre, Brian Eno en tête.
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