Le temps est plus clément. L'envie renaît. Les festivaliers ont délaissé les ponchos de pluie mais ont gardé les bottes, histoire de dire qu'on ne les y reprendra plus. Qu'on ne m'en veuille pas : pour ce deuxième jour, je décide de déserter la scène de La Plage, occupée essentiellement par de l'électro, le tout chapeauté par Brodinski...
Jagwar Ma
Quelle déception ! Jagwar Ma, devient, en quelques titres, plutôt agaçant...
Je n'accroche ni avec l'univers (bien grand mot pour l'absence totale de scénique de Jono Ma, leader du groupe) déployé sur scène, ni cette électro pâlotte, ce rock mou, et une dance clairement "plan-plan".
Gaëtan Roussel
Comme quoi il ne faut jamais avoir d'a priori : l'ancien leader de Louise Attaque arrive, grand sourire aux lèvres, joie de vivre explicite, et une envie claire de tout donner. Le set est vivifiant, frais, parfait pour l'apéro, l'homme est heureux et talentueux... Et on ne s'attendait pas à l'apprécier autant ! Hommage à Gainsbourg, à Bashung, reprise excellente de "Il y a" de Vanessa Paradis (il est naturellement l'auteur du texte !), un "Help myself" de qualité... Comme une setlist à message, cryptée, épicurienne sans être démagogique. La très bonne surprise de cette journée.
Little Dragon
L'erreur de la journée. Une électro synthpop inécoutable tant les univers sont mélangés. Une petite bouillasse inaudible qui nous éloigne rapidement de la Green Room.
On reste satisfait, pour des raisons photographiques, de l'esthétisme foufou des membres du groupe. Mais ça s'arrête là.
Franz Ferdinand
Oui oui oui et oui. Et pas seulement parce qu'on a eu droit à un clin d'oeil sexy du monsieur alors que nous étions dans la fosse. Tout est là : énergie du public, énergie du leader, plaisir sensible du live, musique saine et bien léchée, que demander de plus ? Franz Ferdinand arbore le sourire du gamin gâté qui à son anniversaire savoure la foule venue "juste" pour lui. Rien ne me paraît en-dessous, et pas même les titres de son dernier album, Right Thoughts, right words, right action... Et "Take me Out", évidemment, comme un hymne diabolique pour le corps.
Parov Stelar
Entre la magnifique section cuivre de Parov Stelar et le déhanché de la déesse qui ondule sur la scène et leur sert de leader, quelle claque !
L'electro-swing – house, jazz – est hyper bien rôdée, convaincante à souhait, c'est beau, c'est frais, c'est festif, c'est bon. A voir absolument en live. Sur les trois jours, c'est le concert qu'il ne fallait pas rater à mon sens.
Shaka Ponk
L'état de grâce retombe face aux Shaka Ponk. Vus pour la première fois en 2011 aux Nuits Peplum d'Alésia (voir report ici même), revus au zénith de Dijon fin 2012, quel contraste aujourd'hui ! Ils ont sans doute tout donné pour "monter", et on ne peut pas dire qu'ils ont lésiné sur l'énergie à dispenser pour le faire, mais dans la vie tout se paie et il est clair que Frah et Samaha y ont laissé quelques plumes. Leur set est devenu bien moins énergique que les années précédentes, leur dernier album a un goût mou de déjà-vu et, à force de se montrer partout, le public avoue qu'il n'en peut plus.
Je remercie le ciel d'avoir été clément, et pars tôt sans regret – on m'apprendra le lendemain que Skrillex aura joué les gamins pourris dans une soucoupe volante montée sur la mainstage. Et je ris sous cape en imaginant un public emballé par les joies nocturnes de la mégalomanie ! |