Avec un talent indéniable et auréolé du succès de ses premier EP (respectivement appelés EP1 et EP2), FKA Twigs, jeune anglaise au surnom barbare, fait la jonction entre un amalgame d’influence improbable et né du brouillis culturel qui baigne la capitale anglaise tout autant que son fameux "fog".
Brumeux, chaotique mais surtout poétique, l’artiste, aussi connu comme Tahliah Barnett, livre avec son LP1 un condensé d’influences, s’échelonnant depuis le trip-hop mélancolique et blasé d’un "Tricky", jusqu’à la sensualité suave d’une Janet Jackson et la passion de Sade, mais pas seulement.
Situé dans le prolongement direct de ses deux premiers disques, ce fameux LP1 fait d’une règle d’or l’exploitation du silence. Comprendre que si les lyrics et l’instrumentalisation en disent naturellement longs, c’est tout autant les silences qui apporteront une atmosphère particulière et profonde à chaque titre.
C’est habillée avec les oripeaux d’une grande prêtresse sonique à la voix lascive, qu’elle met en place une notion du rythme à part, se construisant largement sur l’entre deux silencieux séparant un mouvement sonore de l’autre. Pourtant, l’oreille découvrira entre deux silences, deux respirations saccadées ("Give Up"), les mouvements épiques dissimulés le long de cet album.
Et autant vous dire qu’ils sont pléthore ! Depuis l’utilisation volontairement lacunaire des percussions ("Kicks" et "Hours") et l’aménagement d’espaces sonores difformes, l’artiste n’hésite pas à créer des instantanés merveilleux en faisant largement appel à des sons disharmonieux ! On découvrira, par exemple, des titres à l’instar de "Video Girl" se déconstruisant autour d’un rythme alternant crescendo et decrescendo, sans pour autant travestir l’ambiance à chaque nouvelle mesure.
Soyez rassuré, la voix elle, demeure cristalline, parfois perchée et surtout pleine de passion. Parfois, augmentée par trucmuche digital, elle y incarne néanmoins le contrepoids parfait à toutes les expériences musicales singulières qui viennent hanter l’album. Ainsi, c’est le chant sur des titres comme "Pendulum" qui filtrera comme une lumière apaisante au travers des ténèbres amalgamés de vocalismes difformes, de guitares dissimulées en arrière-plan ou de percussions épileptiques. D’autres mouvements s’avéreront courageux de formes, ("Lights On") jouant sur une frontière vaporeuse entre conte de fée, orientalisme et claviers pseudo-modernes.
D’ailleurs, flirtant sur des notions de romantisme à fleur de peau, FKA Twigs dessine avec cet album un visage neuf à la pop expérimentale. Un mouvement profondément humaniste, prenant une forme évidente au travers de la pochette de l’album et ce regard à mi-chemin entre celui de l’enfant perdu et de quelqu’un de blasé. Mystérieuse ? Possiblement, mais surtout, talentueuse. |