Réalisé par Nicolas Castro. France. Comédie. 1h34 (Sortie le 20 août 2014). Avec Pio Marmai, Laetitia Casta, Ramzy Bedia, Gaspard Proust, André Dussollier, Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, Louis-Do de Lencquesaing et Anne Brochet.
De "L’emmerdant c’est la gauche" (Thierry Le Luron - 1984) au "Petit manuel de survie à l'intention d'un socialiste dans un dîner avec des gens de gauche" (Bruno Gaccio - 2013), la désillusion consécutive à l’arrivée de la gauche au pouvoir s’est réfugiée dans la dérision.
Une dénonciation par l’humour de la façon dont elle a trahi et abandonné ceux dont elle est justement censée défendre les intérêts. Certes les fêtes post-électorales n’ont pas la même effervescence et les espoirs déçus la même dimension - changer la société en 1981, tout sauf Sarkozy et la finance en 2012 - mais aucun changement, le reniement c’est maintenant.
Entre comédie sociale et docu-fiction, Nicolas Castro décrit ces lendemains qui déchantent dans une peinture de la génération Mitterrand aussi naïve et réductrice qu’inédite et drôle. Une nausée qui tourne à la gueule de bois carabinée le 21 avril 2002, épilogue du film.
A travers les destins croisés de quatre jeunes adultes ambitieux, il soulève la question des motivations pour l’engagement politique, de la fidélité aux idéaux et de l’intégrité lorsque les plus hautes fonctions sont atteintes et que le contexte économique est contraint.
Des petits arrangements avec l’idéologie socialiste et l’esprit de 68 (voire des retournements de veste) à une période (les années 80 et le début des années 90) où les vrais gouvernants sont les communicants (publicitaires, spin doctors). Ce regard goguenard sur le triomphe des animaux politiques et médiatiques aux dents longues offre l’occasion d’une galerie de personnages savoureux (à défaut d’être pathétiques).
Á grands renforts d’images d’archives, de numéros de mimétisme ou sans même citer Le Nom Des Gens (dont le film partage les mêmes producteurs), sont ainsi égratignés Serge July, Jacques Séguéla, Bernard Tapie, Jacques Attali et Bernard-Henri Lévy, entre autres.
Cette époque haute en couleurs - les années fric et leur écho avec les années bling-bling - est revisitée comme une farce portée par un casting en or et des dialogues qui font mouche. Une commedia dell’arte divertissante… et affligeante. |