Comédie dramatique de Jacques Rampal, mise en scène de Pascal Faber, avec Gaëlle Billaut-Danno et Pierre Azema.
Avec "Célimène et le Cardinal", Jacques Rampal, auteur contemporain, a voulu donné, et en alexandrin rien de moins, une suite au célèbre "Misanthrope" de Molière.
Ce dernier avait laissé Alceste et Célimène dans des situations qui appelaient le spectateur à connaître leur devenir : Célimène, démasquée et conspuée par ses nobles pairs, Alceste trahi et désabusé, souhaitant se retirer du monde pour vivre en ermite.
Vingt ans après, on retrouve donc une Célimène ayant quitté la cours pour épouser un riche bourgeois, mère de quatre enfants. Alceste, lui, est entré dans les ordres. Son intelligence et son ambition lui ont permis d'arborer la robe rouge de cardinal.
Après deux décennies de silence, il décide de reprendre contact avec son ex amante, en lui rendant visite mais sans lui dévoiler ses motivations. Sont-ils heureux ? S'aiment-ils toujours ?
Ce dialogue entre deux âmes si différentes et toutes deux combatives, va vite tourner à la joute verbale, autant qu'à la subtile conquête amoureuse et est en fait prétexte à une satire sociale du 18ème siècle qui s'annonce.
Jacques Rampal, qui a voulu rendre un hommage, parfois un peu appuyé, aux auteurs du répertoire, glisse dans sa pièce quelques références qui ne peuvent échapper aux spectateurs.
Malgré des saillies brillantes et incisives, et une plume empreinte d'humour, le texte est globalement un peu poussif mais est ici, et très heureusement, sublimé par le jeu des deux comédiens qui illuminent la scène de leur présence.
Pierre Azema, dans le rôle d'Alceste et Gaëlle Billaut-Danno dans celui de Célimène, sont tous deux époustouflants et insufflent vie, allant et dynamisme à cette comédie de moeurs tout en sachant parfaitement jouer sur la subtile et complexe palette du sentiment amoureux.
La mise en scène de Pascal Faber est sobre et laisse donc la part belle aux comédiens avec des décors et de magnifiques costumes d'époque de Nathalie Vignon d'époques.
Un texte assez ambitieux porté par un magnifique duo d'acteurs à applaudir sans retenue. Ce soir là, la salle était d'ailleurs debout pour les ovationner. |