Comédie dramatique de Joe Penhall, miise en scène de Adrien Popineau, avec James Champel, Valentine Galey, René Hernandez, Eric Pucheu et Hugo Seksig.
Pour sa première mise en scène, "Kids" de Fabrice Melquiot qu'il avait présenté dans le cadre de l'édition 2012 du Prix Jeunes metteurs en scène du Theâtre 13, Adrien Popineau, jeune comédien formé à l'Ecole du Studio-Théâtre d'Asnières, avait montré de belles dispositions tant pour la lecture du texte que pour la direction d'acteur.
Pour son deuxième opus, affichant une une préoccupation thématique et un registre analogues, celui de la jeunesse "marginale" et du théâtre social, il s'est tourné vers le théâtre anglais avec "Voies secrètes" de Joe Penhall.
En effet, les enfants et adolescents de "Kids", survivants abandonnés du conflit serbo-croate qui se reconstruisent à la faveur du groupe qu'ils constituent, sont remplacés par de jeunes adultes confrontés aux difficultés de la vie.
Steve (Eric Pucheu), qui sort d'un divorce difficile, héberge son frère Tom schizophrène à la sortie de l'asile psychiatrique (James Champel), puis momentanément un autre malade (René Hernandez).
Mais Tom refuse de prendre les médicaments qui l'empêchent de penser tout comme il refuse toute tentative d'insertion sociale en trainant dans les bas-fonds, souvent bien éméché, on est en Angleterre et la bière coule à flots. Il y rencontre une jeune fille au chômage (Valentine Galey) enceinte d'un psychopathe à l'accent des cités (Hugo Seksig) et va bouleverser leurs vies.
Ecrite en 1994, cette pièce d'inspiration libertaire plus cinétique que théâtrale - Joe Penhall est également scénariste et figure à ce titre au générique du film qui a suivi - vogue sur la dernière vague de l'antipsychiatrie, née au demeurant en Angleterre, qui reposait sur un combat idéologique radical prônant notamment la suppression des lieux d'internement psychiatrique considérés comme le symbole d'un totalitarisme social.
S'inspirant sans doute d'une antienne d'une figure phare de ce mouvement, Ronald Laing qui analysait la schizophrénie non comme une maladie mentale mais une expérience au cœur de l'humanité, il axe sa partition sur la conception du malade malade mental qui serait un "voyant" capable d'illuminer le monde et de libérer la parole à laquelle il ajoute la thématique éculée des vertus thérapeutiques de l'amour.
A ce titre, la partition "rédemptrice" basée sur un certain angélisme peine à convaincre. Cependant, si la démonstration échoue, Adrien Popineau confirme sa direction d'acteur et les jeunes comédiens, mention spéciale à James Champel pour son rôle de composition, incarnent avec conviction leur personnage. |