Comédie d'Alfred de Musset, mise en scène de Christophe Thiry, avec Francis Bolela, Stanislas de la Tousche, Lucile Durant, Sébastien Ehlinger, Marion Guy, Pierre Marzin, Koso Morina et Anna Sorin.
La Compagnie L'Attrape Théâtre présente une version revisitée de "On ne badine pas avec l'amour", emblématique pièce-proverbe de Alfred de Musset, qui s'inscrit comme la variante dramatique du badinage marivaudien.
Ce qui au siècle précédent s'achève par un mariage entre gens bien nés nonobstant l'instrumentalisation plébéienne, tel par exemple dans "Les fausses confidences", se conclut en l'espèce par la mort de l'innocente dupée par l'amant et humiliée par la maitresse, deux jeunes orgueilleux inconséquents qui scellent ainsi leur propre malheur.
Aux commandes de cette adaptation, Christophe Thiry a opté pour des parti-pris singuliers qui tiennent notamment à la choralité avec un coryphée omniprésent et à une contextualisation indéterminée avec des costumes d'une couleur sable conçus par Annamaria Di Mambro qui mixent les époques et codes vestimentaires sans crainte des anachronismes, de la tunique antique de la narratrice (Koso Morina) aux Doc Martens de Rosette (Marion Guy).
Et, surtout, à une mise en scène chorégraphique basée sur le mouvement perpétuel, au risque de donner le tournis, qu'il qualifie de "mouvement, placement et architecture des corps dans l'espace" entendue également comme symbole de la jeunesse qui entraîne un lissage stylistique et dramaturgique de la partition originale qui évolue de la comédie au drame.
La duègne Madame Pluche campée par Lucile Durant a subi une belle cure de rajeunissement tout comme Maître Bridaine (Francis Bolela) qui a troqué la soutane contre des dreadlocks et sur le plateau nu s'enchaînent la valse des tabourets, le décor de statues vivantes et d'étonnants ballets, parfois abscons, mêlant ballet mécanique et pastorale denisienne.
Pendant que le baron débordé par les préparatifs du mariage, Pierre Marzin excellent en père et oncle tendre et bonhomme, se noie dans un verre d'eau, en l'occurrence de vin, le vin de sa cave qu'éclusent le curé et l'aviné Maître Blazius, gouverneur de Perdican, endossé par Stanislas de la Tousche qui lui donne un air célinien, des assauts de vanité et d'orgueil se livrent dans le parc.
Déjà prévenue de l'inconstance des hommes et, bien que sans expérience, dotée des armes de la coquette, Camille (Anna Sorin), qui aspire à un amour éternel et veut bien aimer à condition de ne pas souffrir, met à l'épreuve un Perdican aux airs de ravi de la crèche (Sébastien Ehlinger) qui répond au faux dédain par un vrai dépit.
Christophe Thiry signe un vrai spectacle de troupe porté par des comédiens investis, mention spéciale pour les jeunes Anna Sorin et Marion Guy, qui se veut également ode au théâtre. |