Je me suis imaginé allongé dans l'herbe aux côtés d’une belle jeune fille aux longs cheveux blonds. Le temps était radieux. Le vent faisait doucement bouger les branches des arbres, caressant d’une brise légère notre peau. La musique de Luluc, duo Australien emmené par Steve Hassett et Zoe Randell est de celle qui poétiquement glisse comme les nuages dans un time lapse. Une caresse du bout des doigts.
Coproduit de main de maître par leur ami de longue date Aaron Dessner de The National, ce second disque de Luluc est une incroyable collection de perles folk pop, aussi graciles que fragiles. Adoubé par Sufjan Stevens, Fleet Foxes ou Joe Boyd, producteur américain célèbre pour avoir notamment découvert Nick Drake, ce Passerby est un véritable petit bijou du genre. Avec la voix angélique de Zoe Randell toute en retenue et nuances subtiles, le jeu de guitare tout en parcimonie de Steve Hassett, ces arrangements aussi fins que soignés (quelques cuivres par-ci par-là notamment dans le superbe "Tangled Heart", quelques cordes dans "Star"…), ces harmonies vocales en mode mineur, cette douce mélancolie, cette élégance toute Anglaise, ces mélodies à vous fendre le cœur (l’intense "Without a Face" rappelant The Walkabouts, "Passerby"), on entendrait presque les anges tintinnabuler.
Luluc n’est pas enfermé dans les années 70 (entre Nico, Nick Drake et Vashti Bunyan en gros) ou dans un style (le folk stricto sensu), comme par exemple "Gold on the Leaves", plus proche d’un jazz ralenti ou ces réminiscences 80’s dans les harmonies. A l’heure où sous l’écorce de la vie, jaillit la délicatesse de la musique, le duo ne peut faire que l’unanimité. Passerby est le genre de disque qui, lorsqu’il est mis en réunion, oblige tout le monde à s’arrêter de parler pour l'écouter religieusement. Il serait donc vraiment dommage de passer à côté !
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