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Théâtre de Belleville  (Paris)  octobre 2014

Comédie dramatique de Rainer Werner Fassbinder, mise en scène de Hugo Bardin, avec Antonin Chalon (en alternance Alexis Gilot), Marie Petiot, Emmanuel Rehbinder et Kameliya Stoeva.

Qui penserait que Fassbinder n'a pas vingt ans quand il écrit "Gouttes d'eau sur pierres brûlantes" en 1963 ?

Dans cette première pièce, qu'il ne montera pourtant jamais, se trouvent tous les thèmes de son œuvre et plus encore cette énergie dans l'excès qui va la caractériser.

Pour réveiller l'Allemagne endormie dans son cauchemar qu'elle prétend oublier à l'Ouest dans le rêve marchand d'un capitalisme mal dénazifié, Rainer Werner Fassbinder va user sa vie à construire en moins de vingt ans une gigantesque somme où tout fait sens et se répond. Ainsi, s'il quitte très vite ses habits d'expérimentateur théâtral pour la tenue de cinéaste néo-classique avide de mélodrames, il ne s'agit pour lui que de faire du théâtre par un autre moyen qui lui garantit un rayonnement universel.

Trente ans après sa disparition, Fassbinder n'est pas un "classique" comme les autres. Car s'il a cassé bien des codes, ce n'était pas par simple nihilisme, mais pour renouveler et transfigurer des genres dont il respectait les formes.<

Propice à bien des contresens, Fassbinder est donc difficile à appréhender aujourd'hui où, à l'image récente de Gwenaël Morin, on le tire vers la dérision, la chose qu'il exécrait le plus.

Cette tentation, Hugo Bardin l'évite de justesse. Partant de la version cinématographique de "Gouttes d'eau sur pierres brûlantes", tournée en 1999 par François Ozon, il revient partiellement sur la lecture ludique et dédramatisée que l'auteur de "Potiche" donnait du texte de Fassbinder.

Certes, ici aussi, on va danser, mais le final ne mime pas une comédie musicale, et si le tango version Piazzolla choisi par Hugo Bardin apporte de l'ironie, il est aussi porteur d'échos mélodramatiques. L'histoire de Franz, garçon perdu assoiffé d'amour et piégé dans le confort bourgeois de Léopold, est donc infiniment plus fassbindérienne que dans la version Ozon. Hugo Bardin penche pour le drame, même si c'est un drame en pointillé.

Ce qui manque ici, c'est sans doute un peu de métier aux comédiens pour suppléer les "faiblesses" d'un texte que son auteur a quand même désavoué en ne le réutilisant pas d'une manière ou d'une autre dans son œuvre protéiforme.

La scène liminaire, celle où Léopold drague "off" Franz, seul présent sur scène, en le soumettant à un feu de questions, est assez théorique, voire artificielle. L'arrivée d'Anna, l'ex-petite amie de Franz, relance l'intrigue, mais pas suffisamment, et Fassbinder est contraint de reprendre le même procédé avec cette fois, l'entrée en scène de Véra, ex-partenaire transsexuel de Léopold.

L'introduction de ce personnage marque la césure entre Fassbinder et Ozon. Dans le film, Anna Thomson fait partire en vrille le récit "trop sage" de Fassbidner. Hugo Jardin rectifie le tir mais a peut-être tort de faire interpréter à sa Véra le "Libertango" d'Astor Piazzolla immortalisé par Grace Jones.

En définitive, Hugo Bardin ne trahit pas les intentions supposées de Fassbinder, et se sort honorablement d'un exercice compliqué consistant à se situer à égale distance entre une pièce imparfaite non jouée et un film brillant mais surjoué.

 

Philippe Person         
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