Pour la rentrée muséale 2014, la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais propose au visiteur deux exposition événements qui l'invitant à un voyage spatio-temporel radical aux antipodes de l'histoire de l'art.
Car, après le 20ème siècle occidental avec la statuaire pop de "Niki de Saint Phalle", ce dernier est invité à remonter le temps et à se transporter en Asie de l'Estau pays du Soliel levant à la faveur de la première rétrospective en France consacrée à l'artiste japonais Katsushika Hokusai.
Peintre, dessinateur et graveur, Hokusai
est l'un des trois maîtres, avec Utamaro, son aîné, réputé pour son art du portrait, notamment de courtisanes, et Hiroshige, son cadet d'une génération, maître de l'estampe "ukiyo-e" illustrant les guides de voyage, de l'âge d'or culturel japonais de la période Edo.
Le commissariat de l'exposition organisée avec la Japan Foundation est assuré par Seiji Nagata, directeur du Katsushika Hokusai Museum of Art, en collaboration avec Laure Dalon, adjointe du directeur scientifique de la RMN-GP, qui a conçu une rétrospective classique sous forme d'un parcours strictement chronologique.
En effet, elle est dépourvue de mise en perspective tant historique au sein de la production artistique japonaise de l'époque, qu'au regard des influences réciproques avec l'art occidental liées à la vogue du japonisme qu'a connu la France dès le milieu du 19ème siècle, et à l'intérêt manifesté par des peintres, tel notamment Claude Monet, pour les spécificités de l'art de "ukiyo-e".
Compte tenu de ce choix monstratif, de l'importance de l'oeuvre de Hokusai considérée par le Japon comme un trésor national et aux sujétions liées à la conservation d'oeuvres, essentiellement de dessins, gravures et peintures sur soie, particulièrement fragiles, l'Agence DGT chargée de la scénographie a conçu un mausolée qui ne verse pas dans le spectaculaire privilégiant la sobriété et l'austérité.
Hokusai, le fou de dessin
Hokusai constitue l'identité générique d'un dessinateur et peintre en état de perpétuelle métamorphose tant identitaire que stylistique, artiste prolifique de 30 000 oeuvres sur une période de 70 années au cours de laquelle il a usé de toutes les techniques graphiques et abordé tous les genres picturaux du portrait au paysage en passant par la scène de genre qui se caractérisent par la virtuosité de la ligne pour traduire le mouvement.
Comme les artistes de son temps, il a changé maintes fois de nom et sa production a évolué avec le temps à la manière des "périodes" d'un peintre dont le commissaire a dégagé six majeures déclinées chronologiquement et illustrées par une sélection de 500 oeuvres dont de nombreuses jalousement conservées au Japon.
Le nom de Hokusai est inscrit dans la mémoire collective à la faveur des estampes emblématiques appartenant aux séries "Trente-six vues du mont Fuji" tels "Le Fuji rouge" et la fameuse grande vague de l'affiche intitulée "Dans le creux d'une vague au large de Kanagawa" retenue pour l'affiche de l'exposition.
De même pour les chutes d'eau incluses dans la série "Voyages au fil des cascades des différentes provinces" et "Mille images de la mer" qui s'inscrivent dans la représentation du "monde flottant".
Mais ce n'est qu'au deux tiers du parcours que le visiteur pourra les voir car il s'agit d'oeuvres de la maturité.
Et il y a lieu de ne pas rater une série moins connue, celle de la série "Cent histoires de fantômes" au surréalisme saisissant avec le "Manoir aux assiettes" et le "Spectre d'Oiwa-san".
Le thème des fantômes sera également décliné dans un livre institulé "Histoires de fantômes japonais" et les croquis de spectres figurent dans un des carnets titrés "Hokusai Mangas" qui constituent une belle découverte pour le néophyte.
Après une longue période d'apprentissage et de formation dans un atelier qui spécialisé dans les estampes et illustrations publicitaires et commerciales de grande diffusion et la notoriété résultant de son orientation vers une production haut de gamme d'estampes et gravures originales et d'illustrations à l’encre de Chine noire pour livres de lecture destinés à une clientèle privilégiée, il va se consacrer de manière intensive au dessin, des dessins "au fil du pinceau".
Appelés "mangas" et définis comme des "dessins divers et caprices", ils figurent sur des carnets, sorte de miscellanées graphiques, constituant des manuels d'exercice à l’usage des jeunes artistes et des recueils de modèles.
Par leur nombre et leur variété thématique, 15 volumes pour 4 000 dessins, ils constituent non seulement son oeuvre-phare mais également une encyclopédie du vivant et de la société de son temps.
Les oeuvres tardives sont consacrées à la peinture et aux kakémonos, des grandes estampes polychromes sur soie avec une prédilection pour le registre animalier dont une belle présentation panoramique conclue la visite.
A noter qu'un changement partiel d'oeuvres appartenant à une même série interviendra entre le 21 et le 30.novembre. |