Comédie de Marc Citti, mise en scène de Benjamin Bellecour, avec Vincent Deniard et Marc Citti.
Comédien passé à l'écriture, Marc Citti a opté pour un sujet qui lui est familier, celui de l'envers du décor. Ainsi a-t-il créé Mathieu, un avatar de papier qui, sous la direction d'une tyrannique metteuse en scène prénommé Nina, répétait le rôle-titre de "Richard III".
Dans ce seul en scène intitulé "Kiss Richard", il levait le voile, de manière humoristique, sur le "mystère" de la création théâtrale et les affres des répétitions.
Ce personnage reprend du service dans "Le temps des suricates" qui invite le spectateur dans les coulisses et, plus précisément dans la loge que celui-ci, qui joue toujours Shakespeare mais un "Hamlet" dispensé au cours d'une médiocre tournée de "grands ducs", partage avec avec un "collègue".
Au menu, entre allers-retours sur scène, les échanges conversationnels concernent le quotidien des comédiens laborieux dont le nom ne brillera jamais en haut de l'affiche taraudés par l'incertitude du lendemain et ses contrats aléatoires, d'où la métaphore avec l'attitude du petit mammifère surnommé la sentinelle du désert, assortis de médisances professionnelles qui révèlent les frustrations et de confrontations dérisoires alimentées par les susceptibilités d'ego.
La partition est émaillées de soliloques existentiels : doutes et pragmatisme pour Edouard, acteur sans talent ni charisme, qui s'interroge sinon sur sa vocation du moins que le choix de ce métier, désenchantement pour Mathieu, comédien qui a suivi la voie royale du comédien passant par le Conservatoire national supérieur d'art dramatique, "rétrogradé" au rang d'artiste de complément cantonné aux utilités.
Benjamin Bellecour met en scène sobrement cette aimable satire des "théâtreux" qui repose sur le principe du duo clownesque et officie dans le registre tragi-comique.
Vincent Deniard prête son imposant gabarit et son jeu placide à l'indolent Edouard face au "petit" vif-argent Marc Citti qui campe efficacement le comédien qui, s'il tire le diable par la queue, court vainement deux lièvres à la fois et sacrifie sa vie de famille à une improbable carrière, croit encore que le meilleur est, peut-être, à venir. |