Spectacle performatif conçu par le Collectif She She Pop et interprété en alternance par Sebastian Bark, Johanna Freiburg, Barbara Gronau, Annett Gröschner, Fanni Halmburger, Alexandra Lachmann, Katharina Lorenz, Lisa Lucassen, Mieke Matzke, Peggy Mädler, Ilia Papatheodorou, Wenke Seemann, Berit Stumpf et Nina Tecklenburg.
RFA vs RDA, trois couples de femmes ouvrent le tiroir de leur petite brocante intime et vident leur sac sur la condition féminine abordée à travers le prisme de la réunification allemande.
Avec "Schubladen", spectacle à tiroirs qui vise à l'élaboration d'une biographie collective à partir de biographies individuelles et à éprouver l'histoire contemporaine allemande marquée par la réunification après quarante années d'appartenance à des systèmes économico-politiques radicalement opposés, le Collectif féminin berlinois She She Pop frappe haut et fort. Ca décape, dépote et dégomme !
La partition de "Schbladen" s'inscrit dans son registre performatif dédié, la performance chorale et polyphonique, qui repose néanmoins sur le principe même du théâtre "classique" qu'est celui de la confrontation, par lequel le collectif procède à une hybridation singulière du biodrame, à travers l'exploration de la biographie personnelle, voire de l'archéologie familiale, et du théâtre documentaire.
Même si elle tend davantage vers le réflexif que le règlement de comptes, la confrontation, non dénuée de pertinence, d'impertinence, d'autodérision et d'humour au second degré, est toujours musclée et déboulonne les mythes et dynamite les clichés.
Et de manière subtile, l'évocation des conséquences de la réunification sert également à ouvrir implicitement une réflexion sur la définition du terme et du concept de nation, de la nation peuple constituée d'une multitude d'hommes, vivant dans le même pays et sous les mêmes lois à la nation-communauté politique basée sur la communauté d'origine, d'histoire, de culture, de traditions et de langue.
Devant un écran sur lequel défilent en boucle des images de salles de formation standardisées, trois blocs tables-chaises à roulettes de bureau évoquant tant le face-à-face politique que le jeu de rôle, décor de Sandra Fox, six femmes nées dans les années 1970 et appariées en binôme, une née à l'Est, l'autre à l'Ouest.
Mais comment les reconnaître ? Difficile a priori tant elles se ressemblent habillées par Lea Sovso façon bohème heureuse et décomplexée des années 1980. Mais, très vite, dès qu'elles débattent en abordant, à partir de situations anecdotiques, souvent cocasses, et cependant à l'ancrage historique, des thèmes fondamentaux que sont l'éducation, la chute du Mur, le capitalisme, la sexualité, et même l'amour, les différences socio-culturelles, qui sont devenus fondatrices, s'avèrent patentes et induisent de radicales divergences.
Alors se pose la question d'un éventuel plus petit commun dénominateur qui serait celui de la condition féminine. Là encore, les conceptions et les priorités diffèrent mais la sororité s'avère peut-être le levier du vivre ensemble avec ses différences le regard tourné vers l'avenir. |