Martin Carr aura beau tenter de brouiller les pistes en se cachant parfois derrière un pseudonyme (Brave Captain) et sortir sporadiquement des disques assez expérimentaux depuis plus d’une dizaine d’années, il restera pour beaucoup et pour toujours la tête pensante des essentiels Boo Radleys qui, en une poignée d'albums dans les années 90, auront représenté une certaine idée de la quintessence de la noisy pop.
Après un longue période d'absence (le dernier album Ye Gods and Little Fishes date de 2009), Martin Carr est de retour avec The Breaks publié sous son vrai nom. S’ils ont été enregistrés en début d'année, les titres ont été composés depuis plus longtemps, les démos circulant sans que Martin Carr ne trouve une maison de disques prête à l’accueillir. C’est finalement un label allemand, Tapete Records, qui va lui proposer de sortir ces chansons. Pour la petite histoire, le deal aurait été conclu après une soirée quelque peu arrosée à Hambourg.
Première constatation, Martin Carr n’a visiblement pas perdu son grimoire de la pop music et révèle à nouveau tout son instinct mélodique. Il met ici de côté toutes ses aspirations expérimentales, au profit de 10 titres d'accès presque immédiat. Presque parce que Martin Carr instille parfois quelques grains de sable qui viennent troubler la limpidité des chansons ("Sometimes it pours") ou insère plusieurs idées dans un même morceau ("No money in my pocket"). Un accompagnement des plus classiques (guitare - basse - batterie , plus un piano ou un orgue) suffisent à mettre en lumière les compositions. Quelques chœurs viennent parfois s’ajouter et seuls deux ou trois titres bénéficient d’arrangements un peu plus fournis comme le très northern soul titre d’ouverture "Santa Fe Skyway". Les morceaux sont variés, rythmés ou délicats, énergiques ou gracieux, des vifs et mordants "St Peters in chains" ou "Senseless appentice" jusqu'au dépouillé "The Breaks", en passant par un poignant "Mainstream" rehaussé de cuivres.
Seules constantes, cette expertise pop, cette évidence mélodique, cette sincérité qui donnent à ces chansons une apparence de (fausse) facilité, une saine authenticité ; le fulgurant "Mandy get your mello on" en est une belle illustration.
Alors même si la nostalgie peut parfois altérer un jugement, difficile de ne pas reconnaître que le talent de composition est intact. Probable parenthèse dans sa nouvelle vie d'explorateur musical, prenons The Breaks comme une euphorique respiration. Profitons-en, les prochaines étapes devraient nous entraîner à nouveau vers des voies plus tortueuses.
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