J’ai été hypnotisée par ce petit bout de femme.
Le Tourcoing Jazz Festival me réjouit d’année en année par sa programmation toujours aussi originale. Alors qu’on pourrait être révulsé par un style de musique trop élitiste - le jazz et son univers difficile d’accès - le festival s’attache à faire aimer le jazz en le rendant accessible par de multiples facettes.
2014, je découvre avec ébahissement la chanteuse Youn Sun Nah. Elle n’est pas aussi méconnue du milieu du jazz. La salle du théâtre en était comble. Cette chanteuse originaire de Corée du Sud s’est faite très vite une grande place parmi les chanteuses de jazz, gagnant de nombreuses reconnaissances, et ce de part le monde. En 2011, Youn Sun Nah est récompensée en Allemagne d’un Echo Award en tant que meilleure chanteuse internationale de jazz.
Peut-être un trait de la culture asiatique, You Sun Nah paraît si fragile lors de ses interventions. Les mains serrées comme lorsqu’on réciterait timidement sa leçon sur les bancs de l’école, elle présente chaque morceau d’une voix fluette. Sourires émus et sincères mais presque gênés lorsque le public l’applaudit à en passer la main devant un éclat de rire.
Et pourtant, lorsque les morceaux commencent, c’est une véritable explosion de sa personne. Elle explose de ses gestes, faisant d’eux, une lecture visuelle de ses mots, ses onomatopées, sa rythmique, ses hauts et ses bas. Lorsqu’elle ne chante, pas, elle vibre sur la musique de ses musiciens, les regardant ébahis, les encourageants à jouer de plus belle. Elle, est sensuelle et de cette sensualité elle bouillonne de sa voix tantôt forte, tantôt piquante, tantôt douce, tantôt créative. Les émotions vont en ricochets de son corps à nos sens.
Autour d’elle, se démène des musiciens hors pairs, parfois compositeurs des morceaux : Ulf Wakenius à la guitare, Lars Danielsson à la contrebasse, Xavier Desandre Navarre aux percussions et Vincent Peirani à l’accordéon. L’ensemble original et chaud nous transporte vers différentes atmosphères. On pourrait presque sentir l’odeur démentielle du pancake ou toucher du doigt le "Momento Magico" qui rebondit telle une chose désirable et éphémère.
Ce petit bout de femme m’a séduite de sa voix et de l’intensité qu’elle dégage. Voyageurs du jazz, rencontrez-la.
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