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L'Européen  (Paris)  samedi 27 septembre 2014

Fin septembre, Claire Elzière et Dominique Cravic ont donné un récital à l’Européen pour fêter la sortie de leur album Claire Elzière chante Allain Leprest. La salle était comble, et l’on pouvait y voir plusieurs représentants de la "famille Leprest", tant artistique que génétique : Fantine et Sally, Francesca Solleville (toutes trois saluées par Claire Elzière), JeHaN et Caroline Allonzo (dont on a récemment chroniqué un spectacle au Limonaire), François Lemonnier, Jean-Louis Beydon, Françoise Kucheida, Claude Lemesle.

Dominique Cravic (guitare, ukulélé), maître d’œuvre et principal compositeur de l’album, était aux avant-postes pour épauler sa chanteuse, par ailleurs bien entourée – une dizaine de musiciens, la plupart déjà passés par les Primitifs du Futur, se succédant au fil des morceaux. L’occasion de réentendre sur scène la belle alchimie déjà captée sur album – avec l’indéniable supplément d’âme qu’apporte la prestation "live" par rapport l’enregistrement studio – même si ce disque-ci est l’un des plus "vivants" qu’on ait entendu autour de Leprest.

Toutes les chansons de l’opus ont été jouées, dans un ordre différent, entrecoupées de nombreuses surprises. Le concert a démarré comme le disque, avec "Marabout Tabou" : un morceau fort mêlant message positif universel et références très personnelles. Mais en ce début du concert, Claire Elzière semblait un peu stressée : cette version d’ouverture, techniquement irréprochable, manquait de ce petit "plus" émotionnel susceptible de la transcender. Elle sera bissée au rappel, pour un résultat beaucoup plus probant.

Les autres chansons du disque sont la plupart du temps transcendées : "Entendez-Voir" et son alliage ukulélé-violon grinçant, gagne en drôlerie quand la chanteuse assène cette fable immorale (un vrai sourd déguisé en faux aveugle pour faire la manche en vrai escroc) en nous regardant (c’est le cas de le dire) dans le blanc des yeux. "A Quoi Peut Servir Moins" semble taillée pour la scène, avec son groove moelleux qui donne envie de claquer des doigts. En interview, Cravic parlait à propos de ce morceau de "funk acoustique doux". On y perçoit également une pointe de chœur gospel, pour pimenter la sauce. Dans cette chanson, le sens n’a plus grande importance, seul importe le son : de jolis mots dansant groovy sur une superbe musique suffisent à notre bonheur. Les chorus de bandonéon de Daniel Colin ponctuent une émouvante "D’autres Choses Encore", qui est peut-être (après "Marabout Tabou") l’autre grande réussite du disque. Petit bémol, en revanche, sur "Si Ton Cœur S’arrête" : pour en avoir entendue une sublime version dépouillée à la radio quelques jours plus tôt (Chanson Boum ! sur France Culture), il nous a semblé que l’interprétation de ce soir-là était un poil en deçà de ses capacités… Mais la chanson reste malgré tout fort belle.

D’autres titres, qui sur l’album nous avaient moins marqué, prennent une autre dimension : "Lequel Des Deux", par exemple, est joliment rehaussé d’un vibraphone nostalgique. Idem pour "Vie d’ange Vie d’ordure", plus touchant que sur le disque (où la touche Sanseverino flirtait un peu trop avec la pignolade).

Côté "classiques", Claire Elzière reprend les quatre titres de Leprest déjà réinterprétés sur l’album : "L’Horloger" (précédé de la lecture d’une préface de Leprest à un recueil de Pierre Louki, auquel la chanson est dédiée) ; "D’Osaka à Tokyo" – particulièrement réussi, grâce au solo de Jean-Michel Davis ; "Je Ne Te Salue Pas" et "Mon Abat-Jour"). Elle chante également une très émouvante "Dame du Dixième". Puis "SDF", qui cette fois ne lui convient guère : l’atmosphère de la soirée est trop cool et feutrée pour y glisser cette chanson-tract à message social. Même si sa version tient plutôt bien la route, elle tombe comme un cheveu sur la soupe, dans ce cadre-ci. Beaucoup plus judicieux, elle et Dominique Cravic ont la bonne idée de jouer deux titres rares, issus du dernier album studio solo original de Leprest (Quand auront fondu les banquises, 2008, chez Tacet) : "SOS", sur une musique d’Hervé Legeay (par ailleurs membre de la clique des Primitifs), et "Quand j’étais mort", première collaboration Leprest / Cravic. Il se passe alors une chose curieuse : "SOS", qui ne nous avait pas spécialement marqué sur disque (la voix d’Allain, alors au comble de sa période "croassante", ne collait pas à ce texte primesautier), se révèle fort réussie une fois réinterprétée par Claire Elzière. C’est malheureusement l’inverse qui se produit avec "Quand j’étais mort" : alors que la version album était formidable (Leprest ironisant sur son statut de chanteur-mort-vivant-un-pied-dans-la-tombe), Cravic – qui la chante lui-même cette fois – oublie une partie du texte ou a un problème de voix (peut-être un peu des deux ?) et rate sa reprise, dont la moitié du texte devient quasiment inaudible. C’est dommage, car c’était l’occasion de réentendre la chanson telle qu’elle fut composée – la version gravée sur le disque Tacet ayant été réarrangée, passée d’un blues lent à un country-swing-manouche accéléré.

Claire Elzière s’adresse à Francesca Solleville pour s’excuser de lui emprunter deux chansons de son répertoire : l’inépuisable "Sarment" (repris par tout le monde en ce moment) et "Les P’tits Enfants de Verre" (qui en réalité remonte a bien plus loin que l’album de Francesca… mais dont la version définitive – avec musique de Gérard Pierron – a effectivement été gravée par Solleville sur son opus Al Dente). Beau moment : l’arrivée sur scène de Pierre Barouh. Le vieil auteur-chanteur-producteur vient dire le texte poético-érotique de "Ta Fermeture Eclaire" – et en profite pour faire la réclame pour sa fille Maya, qui donne le même soir un concert ailleurs dans Paris (on est commerçant ou on ne l’est pas).

Enfin, il faut signaler et applaudir une très belle séquence instrumentale interprétée par Grégory Veux (pianiste "historique" de Claire Elzière) et Jean-Philippe Viret (contrebassiste "historique" d’Allain Leprest dans les années 80). Ensemble, ils enchaînent trois immenses classiques du poète de Mont-Saint-Aignan : "Il Pleut Sur La Mer" (musique d’Etienne Goupil), "La Retraite" (musique de Romain Didier), et "La Kermesse" (musique de Robert Deligny). Grand moment, où l’on s’aperçoit que contrairement à l’idée reçue, la "chanson à textes" peut aussi avoir des mélodies sublimes. Le public connaisseur remet de lui-même les mots magiques sur ces compositions exceptionnelles – et tape des mains quand retentissent les flonflons de "La Kermesse", tandis que derrière nous une voix émue chantonne : "Bah Dédé, bah tu pleures dans ta barbe à papa…".

En guise de finale, Claire Elzière bisse "Marabout Tabou", et cette fois la magie opère : techniquement plus bancale que la première (la chanteuse manque presque son entrée !), cette version est chargée d’émotion, portée par un public qui adoube l’interprète et offre ce supplément d’âme susceptible de transcender sa chanson. Claire Elzière achève le concert en apothéose, faisant reprendre en chœur ce refrain qui résume le rapport de l’auteur avec ses compositeurs en général – et Dominique Cravic, ici, en particulier : "C’est à toi de finir, c’est à nous de chanter / A nous de réunir des idées des idées / On cosigne en jumeaux, tu dis rien t’as raison / Si c’est ton dernier mot, ben on l’a, la chanson !". Mélodie inoubliable, message utopique universaliste (l’art comme plus grand dénominateur-réconciliateur commun) : la chanson est un tube évident ; si les radios avaient la bonne idée d’être moins sourdes, elle pourrait toucher énormément de monde. Preuve ultime de cette réussite : plusieurs jours après le concert, mon fils de sept ans, présent ce soir-là, chantait encore le morceau comme s’il l’avait toujours connu… La vérité sort de la bouche des enfants, et si une chanson est à ce point mémorisable, c’est sans doute qu’elle est éternelle.

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Claire Elzière
Le Myspace de Claire Elzière
Le Facebook de Claire Elzière


Nicolas Brulebois         
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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

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